Comment les lycéens préparent leur interview de Darcos

Comment les lycéens préparent leur interview de Darcos

    Ce n'est pas une salle de classe. Pourtant, au rez-de-chaussée du lycée Honoré-de-Balzac à Paris (XVII e ), une douzaine de lycéens cogitent sec en ce mois de février. Pas de tableau noir ni de professeur. Juste un producteur (Grégoire Olivereau, d'Eden Productions), un présentateur (Samuel Etienne) et un journaliste (Rémy Douat) pour les encadrer. Objet de la leçon : Xavier Darcos, le ministre de l'Education nationale, qu'ils interrogeront ce soir dans le magazine « Questions de génération » (France 4, 20 h 35). « Le but est de libérer votre parole », insiste Rémy Douat, chargé d'animer cet atelier préparatoire. Nul besoin de pousser beaucoup les élèves autour de la table. Ils ont potassé et connaissent le projet de réforme des lycées sur le bout des doigts. « Il a été reporté jusqu'à la rentrée 2010. A l'approche du bac, c'est un moyen de calmer les mouvements lycéens », lance Stéphane, en terminale ES et qui sera présent sur le plateau pour la deuxième fois en deux mois.

    La discussion s'arrête ensuite sur les effectifs par classe. Et chacun d'y aller de son exemple. « Darcos a dit que la qualité d'un cours ne dépend pas du nombre d'élèves. C'est faux », insiste Esther. « Ã?a fait combien de temps qu'il n'est pas allé en cours ? » renchérit Kevin, en BTS. Brunette piquante, Elise s'agace : « La réforme prévoit des heures supplémentaires pour les élèves en difficulté. » « Reste à savoir quels profs les assureront », chahute l'auditoire. « Finalement, vous pensez que le lycée ne va pas si mal aujourd'hui ? » intervient Samuel Etienne. Discret jusqu'alors, Christophe s'enflamme sur la question de l'absentéisme. « Le ministre veut soigner les symptômes sans se préoccuper des causes », dit-il. Ses camarades prennent des notes.

    « Ils n'ont pas envie de se planter »

    Et les commentaires fusent, notamment quand il s'agit de souffler « une idée à Nico » (Nicolas Sarkozy) pour ponctuer la séance. « On pourrait demander un bilan de compétences pour nos politiciens ? » suggère Christophe. Après deux heures d'une discussion souvent recadrée, des groupes sont définis pour approfondir les thèmes. Mais une chose semble acquise : « Nos lycéens n'ont pas envie de se planter devant Xavier Darcos », note le producteur. « Je vais de surprise en surprise, ajoute Samuel Etienne. A leur âge, je n'étais pas aussi au courant de l'actualité, aussi à l'aise dans l'expression orale et la maîtrise des idées. » Le ministre de l'Education est prévenu : ce soir, les jeunes n'éluderont aucun sujet.