Crimes ordinaires à Las Vegas

Crimes ordinaires à Las Vegas

    Côté face, Las Vegas fait rêver 40 millions de touristes appâtés chaque année par ses casinos, ses palaces et son argent facile à gagner. Côté pile, la Cité du péché affiche le plus fort taux de criminalité des Etats-Unis avec 70 000 crimes par an, auquel répond un système judiciaire implacable. En dix volets de 52 minutes, la série documentaire « Justice à Vegas » (le vendredi à 22 h 35 jusqu'au 23 octobre) plonge dans cette réalité. Celle où des avocats commis d'office défendent l'indéfendable face à un ministère public partisan de la tolérance zéro. Où l'on découvre, comme ce soir, l'enfance atroce d'une soeur et d'un frère de 16 et 18 ans, jugés pour le meurtre de deux fillettes qu'ils ont poignardées par vengeance sur fond de trafic de drogue.

    « Las Vegas, c'est le côté bling-bling qui côtoie la pauvreté. A travers son système judiciaire, nous avons voulu donner la vision d'une certaine Amérique », commente le réalisateur Rémy Burkel. Des mois durant, il a filmé les défenseurs, les juges et approché les prévenus pour expliquer sa démarche.

    Images brutes

    La série s'impose par le style qui a fait le succès des précédentes créations de Maha Productions, comme les mémorables « Un coupable idéal » et « Soupçons » de Jean-Xavier de Lestrade : pas de commentaires en voix off ni d'interviews mais des images brutes tournées dans la salle d'un tribunal, les cabinets d'avocats ou les parloirs d'une prison. Exit aussi les dossiers les plus médiatisés à l'instar du second procès de OJ Simpson qui se déroulait pendant le tournage. « On préférait s'intéresser à l'ordinaire, poursuit Rémy Burkel. Au départ, on ne cherchait pas forcément à suivre des affaires de meurtres mais il s'est révélé que c'était humainement là où il y avait le plus à montrer. Tout en rendant hommage aux avocats, le parti pris est de dire qu'il n'y a pas que des meurtriers en face. Il y a aussi des êtres humains. » Ici, chaque affaire et la façon de l'appréhender sont différentes. « On a observé les faits mais ce n'est pas à nous de décider ce que les téléspectateurs doivent penser. Les images parlent d'elles-mêmes. » Arte n'a pas osé tenter le prime time. Mais la chaîne proposera dès le 7 octobre un coffret de cinq DVD.