Dr House a trouvé sa voix

La série « Dr House » diffusée sur TF 1 (20 h 45) cartonne. Si son héros plaît autant, c'est en partie grâce à sa doublure en VF, Féodor Atkine.

Dr House a trouvé sa voix

    Indétrônable Dr House ! Depuis son retour sur TF 1 le 18 février, plus de 9 millions de téléspectateurs restent suspendus aux diagnostics du médecin qu'ils adorent détester. Le troisième épisode de la saison 4 a même attiré 9,5 millions de fidèles (37 % de PDA) le 25 février, son record depuis son lancement en février 2007. Parmi ses atouts, un personnage haut en couleur et une voix inimitable. Celle de Féodor Atkine . Il avait déjà prêté sa voix au personnage de Jaffar dans «Aladin ».

    Sa rencontre avec le Dr House s'est faite par hasard alors que TF 1 peinait à dénicher la doublure vocale de son docteur irascible et boiteux. « Ma voix ne correspondait pas forcément mais le personnage était assez proche de moi, même si je suis beaucoup plus simple, se souvient Féodor Atkine. On a beaucoup ri pendant les essais ! » Ne cherchez pas à le reconnaître dans son intonation. « Je n'ai jamais ma voix quand je double, s'amuse-t-il. Là, j'en ai fabriqué une pour Greg House. Hugh Laurie est britannique mais il a sa façon de personnaliser le docteur avec son accent du New Jersey en jouant avec la finesse, l'humour anglais. En français, j'utilise différentes tonalités de voix pour faire passer ses délires, ses émotions. »

    « Je préfère improviser pour garder la fraîcheur »

    A force de côtoyer le praticien en studio, Féodor Atkine est tombé sous le charme, même s'il n'a pas de télévision chez lui. « Ce personnage est riche : il a plusieurs couches émotionnelles, une façon particulière de s'adresser aux gens comme s'il était en perpétuelle préparation d'un coup fourré. » Pas question, en revanche, de visionner la version originale à l'avance. « Je préfère improviser pour garder la fraîcheur.

    » Les dialogues français sont-ils édulcorés ? « Non, assure l'amoureux des langues. Pour les jeux de mots anglais et le vocabulaire parfois cru, on ruse en utilisant des allégories, des phrases arrêtées qui suggèrent. »

    En dehors du doublage de House, Féodor Atkine n'est jamais où on l'attend. Souvent à courir des rôles aux antipodes sur les planches, un tournage ou dans un studio de doublage. Sans doute le fruit d'un arbre généalogique multiculturel où l'on croise des grands-parents russe, polonais, autrichien et anglais, un père né en Chine.

    « Dès 5 ans, je devais parler cinq langues »

    « Dès 5 ans, j'ai été élevé en Amérique latine et je devais parler cinq langues pour échanger avec toute la famille », confie Féodor Atkine, né par hasard à Paris il y a soixante et un ans. Capable de jongler avec le français, l'anglais, l'espagnol, l'italien, le russe, l'acteur n'a découvert le doublage que tardivement. Bien après avoir enchaîné les tournages à l'étranger (« Guerre et amour » de Woody Allen, « Bobby Deerfield » de Sydney Pollack, « Talons aiguilles » de Pedro Almodovar) et en France où il a goûté à tous les registres (de « Pauline à la plage » d'Eric Rohmer aux « Sous-doués » de Claude Zidi). « Il y a une douzaine d'années, une directrice de plateau m'a demandé de prêter ma voix à l'abominable Jaffar dans Aladin. Je suis aussi devenu la voix de William Hurt. »

    Aujourd'hui, entre le théâtre (où il achève la tournée de « la Dispute » de Marivaux) et le tournage d'un téléfilm pour France 3 où il interprète un colonel de gendarmerie (« le Coeur du sujet » réalisé par Thierry Binisti), Féodor Atkine travaille sur la saison 5 de la série phare de la Une. « Chaque épisode permet de résoudre une énigme médicale difficile à la manière de Sherlock Holmes et d'affiner le jeu, dit-il. Je ne me lasse pas de ce personnageâ?¦ »