« Il adorait la vie » : l’hommage du frère de Philippe Pozzo di Borgo

L’ancien homme d’affaires devenu tétraplégique, qui avait inspiré le film « Intouchables », est décédé jeudi soir à Marrakech à l’âge de 72 ans. Le Parisien a interrogé son frère aîné, Reynier Pozzo di Borgo.

    « Cela fait 30 ans que j’attends ce moment-là. » Reynier Pozzo di Borgo n’a pu s’empêcher de ressentir une forme de soulagement à l’annonce du décès de son petit frère, Philippe Pozzo di Borgo, ancien homme d’affaires dont le destin hors du commun a inspiré le film « Intouchables ».

    Devenu tétraplégique en 1993 après un grave accident de parapente, Philippe perd toute mobilité. « On ne peut pas imaginer ce qu’il a souffert. C’étaient des douleurs sans fin tous les jours, toutes les nuits, c’était insupportable », explique son frère, de 11 mois son aîné.

    En 2015, Philippe Pozzo di Borgo devient le parrain de l’association « Soulager mais pas tuer », qui milite contre l’euthanasie. « Un jour, je lui ai dit que j’aurais été content qu’il meurt des suites de l’accident et il m’a répondu : moi, je suis très content de vivre. Il a supporté ces douleurs pendant trente ans », confie Reynier Pozzo di Borgo.

    « Il a beaucoup fait pour le handicap »

    Mais « grâce à cela, il a beaucoup fait pour le handicap, estime-t-il. C’était un gars qui adorait la vie, et qui adorait partager, il s’est senti avoir une mission vis-à-vis du handicap ; il a ruiné sa santé à force de faire des séjours, des conférences. »

    Philippe était « devenu presque une icône », observe son frère. Très sollicité pour tourner dans des films, « il leur disait : votre scénario me fait chier, votre scénario me fait pleurer. Il voulait de la joie, de la vie, c’est comme ça qu’il a dit oui à Nakache et Toledano. »

    Les réalisateurs, ainsi que l’acteur Omar Sy, lui ont d’ailleurs rapidement rendu hommage sur Instagram : « En acceptant que l’on adapte son histoire dans Intouchables il a changé notre vie et la vie de nombreuses personnes vulnérables et fragiles », ont-ils écrit.

    « Il a fait quelque chose de sa vie »

    Selon son frère, Philippe Pozzo di Borgo avait reversé son cachet perçu grâce au film (inspiré de son ouvrage, Le Second Souffle) à l’association Simon de Cyrène, dont il était le président d’honneur. Cette association vise à développer des maisons partagées entre handicapés et valides.

    « La réalité a pris le pas sur la fiction ! Philippe avait accepté l’adaptation à condition que 5% des bénéfices soient reversés à l’association, ce qui a permis à Simon de Cyrène de prendre son envol et d’ouvrir les maisons partagées », confirme un porte-parole.

    « Je suis content qu’il ait réussi à se réaliser, souligne Reynier Pozzo di Borgo. En dehors de son menton et son cerveau, tout le reste était inerte. Dans son état, il a fait quelque chose de sa vie, il l’a remplie avec le peu qu’il lui restait. »

    Philippe Pozzo di Borgo partageait sa vie entre Essaouira, au Maroc, où il vivait avec sa seconde épouse Khadija ainsi que ses enfants, et Nantes (Loire-Atlantique) où il se déplaçait régulièrement pour recevoir des soins. Sous le soleil africain, « il souffrait un peu moins. En France, la variation de pression atmosphérique lui donnait des douleurs fantômes. Le climat au Maroc était plus sain pour lui. »