La Dominique, bijou inconnu des Caraïbes

Au milieu de l'archipel des Antilles, à deux pas de la Martinique et de la Guadeloupe se cache la Dominique, l'île la plus verte de la région, où résident les derniers Indiens des îles.

 La Dominique, bijou inconnu des Caraïbes

    Vous cherchez une destination de vacances décalée, revivifiante, tropicale? Partez sur l'île de la Dominique, vous en reviendrezâ?¦ vert! Située dans les Antilles, coincée entre la Martinique et la Guadeloupe, la Dominique est pourtant un véritable joyau de 754 km2. « C'est tellement beau et sauvage que l'on hésite à le raconter pour que la Dominique reste ainsi! », commente Antonia, une touriste de Béziers, en descendant de la navette maritime à Fort-de-France, en Martinique. Une heure et demie de trajet suffit en effet pour passer des Antilles françaises à Roseau, la capitale colorée de la Dominique. Ce tout petit pays où l'on parle le créole et l'anglais est majoritairement peuplé de descendants d'esclaves. Il fut longtemps tiraillé entre la France et la Grande-Bretagne, mais est devenu indépendant depuis 1978. Cette année, l'île a inauguré un chemin de randonnée inédit dans la Caraïbe : le « Waitukubuli national trail » (WNT). Long de 185 km, il démarre au sud et conduit le voyageur curieux jusqu'au nord s'il le souhaite. Le chemin est divisé en quatorze segments qui permettent de passer d'un village à l'autre tout en plongeant au cÅ?ur de la forêt tropicale humide.

    Damian â?? look rasta â?? est un natif du sud-ouest de l'île. En grimpant le segment 1, il regarde de haut les milliers de crabes « touloulous » qui forment une haie d'honneur insolite. « Les enfants viennent toujours chercher des mangues après l'école. C'est ce que je faisais moi aussi. Il existe quarante-huit types de mangues différentes, et quatre-vingt-huit espèces de fougères sur l'île », récite-t-il.

    Les espèces endémiques de la Dominique se comptent par dizaines, comme ce lézard à pois bleu, l'« abolo », qui n'arrive décidément pas à se camoufler en pleine verdure, la fleur rouge « bwa kwaib », ou encore le « sisserou », un grand perroquet aux ailes vertes et au ventre pourpre, emblème national de l'île.

    Mais cette dernière se distingue aussi par ses 365 rivières ondulantes et ses chutes majestueuses. La rivière Blanc, par exemple, c'est chaussures attachées autour du cou qu'il faut la remonter. Après une heure de marche, les chutes Victoria s'offrent avec majesté pour un bain frais. L'eau vert émeraude scintille entre les lianes. Plus loin, plus haut, l'île abrite aussi le deuxième plus grand lac bouillonnant au monde, le Boiling Lake, récompense des marcheurs émérites. Et au pied de volcans semi-endormis, les spas naturels sulfureux témoignent de l'ardente activité souterraine de l'île, tout comme les plages de sable gris ou noir. Quant aux plages de sable blanc, elles se comptent sur les doigts d'une main, mais sont superbes et sauvages.

    Et si le WNT déroule un tapis vert sous les pieds des visiteurs, tous les chemins de traverse sont possibles. Chez Roy par exemple. Quand l'homme de 54 ans joue les guides à travers son exploitation bio, à Bellevue-Chopin, c'est avec infiniment de douceur qu'il parle des plantes, fruits et légumes qui la peuplent. « Les gens n'utilisent plus les plantes médicinales, mais recommencent à s'y intéresser aujourd'hui », constate-t-il. A l'autre bout de l'île, Roan, lui, a l'habitude de plonger ses rames massives dans l'eau sombre. C'est en barque qu'il entraîne les gens à travers la mangrove de Portsmouth. « Quand les gens ont un peu de temps, je les invite à venir chez moi, boire un jus local, manger un poisson, c'est notre culture! »

    La Dominique abrite une autre richesse insoupçonnable : les Kalinagos, la dernière communauté importante d'Amérindiens des Antilles, forte de 3500 âmes. Mais ne les appelez surtout pas Indiens « Caraïbes », un terme péjoratif qui renvoie au prétendu cannibalisme des Indiens! L'ancien chef Charles Williams s'était d'ailleurs érigé avec force contre Disney lorsque, pour le tournage d'un des épisodes de « Pirates des Caraïbes », la production souhaitait embaucher des Kalinagos pour jouer les cannibales. Aujourd'hui, ils sont partagés entre la fierté d'avoir été les premiers habitants de l'île et la difficulté d'être les derniers représentants d'un peuple. « Nous avons survécu à cinq siècles de colonisation, nous survivrons encore longtemps! », assure le chef actuel, Garnette Joseph.