Le retour de la troupe de Gérard Jourd'hui

Le retour de la troupe de Gérard Jourd'hui

    Pour la troisième année consécutive, c'est lui qui annonce le printemps. Avec le retour de la douceur fleurissent sur le service public les collections de fictions en costumes produites par Gérard Jourd'hui. Après deux saisons passées « Chez Maupassant », celle qui s'ouvre ce soir (France 2, 20 h 35) met en images des « contes et nouvelles du XIX e » et s'inscrit « Au siècle de Maupassant » : à commencer tout à l'heure par « la Cagnotte », d'après Eugène Labiche, en attendant « la Maison du chat qui pelote » (Balzac), « le Bonheur dans le crime » (Barbey d'Aurevilly), etc.

    Si ces films existent tels qu'ils sont, soignés, voire classieux, c'est que Gérard Jourd'hui est un homme de principes. Le premier lui est venu après des expériences peu glorieuses : « Ne plus jamais produire des choses pour couvrir les frais généraux. » Le second relève du bon sens : « Chez les comédiens, pas d'emmerdeurs. » L'associé et ami d'Eddy Mitchell ne conçoit le travail qu'avec sa « famille », ses copains les comédiens, et ça se voit. Ainsi Marie-Anne Chazel, à l'affiche de l'adaptation du jour, « est une amie qui veut bien venir au tarif préférentiel de la maison ». Au cours de cette nouvelle collection (diffusée pour partie ce mois-ci et pour l'autre moitié à l'automne prochain), « il y aura à nouveau Laurent Gerra, Evelyne Bouix, Pierre Arditi, François Berléand, Thierry Frémont, Tsilla Chelton (NDLR : tous déjà croisés « Chez Maupassant »)â?¦ égrène-t-il. J'aime cette notion de troupe. On sait qu'il n'y aura pas d'ennuis, que ce sera très agréable. »

    « Il y a plein de gens que j'aimerais faire jouer »

    Cette politique est la même à tous les étages, du côté de l'équipe technique, de la cantine des tournages, comme des auteurs et des réalisateurs : Claude Chabrol, Laurent Heynemann, Jean-Daniel Veraeghe font partie du cercle. Quand on lui objecte que fonctionner en vase clos pourrait scléroser la créativité, il en convient d'autant plus volontiers qu'il en a anticipé le risque : « Dans deux ans, j'arrête. Je passe à autre chose. » Avant de se lancer dans « l'heroic fantasy, pourquoi pas ? », il bouclera encore huit « Au siècle de Maupassant » et autant de « Chez Maupassant »â?¦ L'occasion d'irriguer ses productions de nouvelles rencontres : « Il y a plein de gens que j'aimerais faire jouer : Mathilde Seigner, la plus grande comédienne française ; Jacques Dutronc, un ami de toujours ; Danielle Darrieux, j'adorerais ; Line Renaud, vous n'y échapperez pas ; il y aussi Roger Hanin ; Marie Bunel, que j'ai vue dans le dernier Chabrolâ?¦ »

    Tant de bonheurs réunis, mais aussi tant de sérénité par rapport à l'avenir, font évidemment grincer quelques dents chez ses confrères producteurs au carnet de commandes moins rebondi. Non sans rappeler qu'il connaît plus nanti que lui, Gérard Jourd'hui se contente de rappeler : « Quand un film sort en salles et a du succès, ça profite au film d'à côté. C'est pareil pour la fiction : le succès de l'une rejaillit sur l'autre. » Avant d'avouer, le sourire gourmand aux lèvres : « Surtout, je m'en fous. » C'est un dernier principe : ne pas se laisser empoisonner l'existence par le qu'en-dira-t-on.