Anniversaire : Julien Clerc fête un demi siècle de carrière et un nouvel album

 A 70 ans, le chanteur fête son demi-siècle de carrière avec un excellent nouveau disque. Il se raconte en 5 photos.

    Julien Clerc n'est pas un homme du passé. Mais il a accepté de retourner à l'Ecritoire, le café de la place de la Sorbonne, à Paris, où il a rencontré Etienne Roda-Gil, son parolier fétiche. Nous lui avons demandé de commenter en photos ses 50 ans de carrière, qu'il fête avec un épatant album et une longue tournée anniversaire qui débutera le 23 novembre. Celui qui vient de fêter ses 70 ans y jouera tous ses tubes, dont «Emilie Jolie» en duo avec une fillette, mais aussi des pépites moins connues choisies chaque soir par le public.

    2016, L'ÉMOTION : «Il faut organiser un grand concert au Bataclan»

    «Interpréter Utile en octobre 2016 pour les victimes de l'attentat de Nice restera un des moments marquants de ma carrière, de ma vie. C'était très bien organisé, émotionnellement très lourd. Quand on passe après le témoignage d'une victime, on se jette à l'eau, on retrouve l'émotion première de chanter tout nu. Le métier aide, les paroles de Roda-Gil, sont si puissantes qu'il n'y a pas besoin d'en faire des tonnes. Avoir une telle chanson dans son répertoire est une chance inouïe. J'espère la rechanter un jour au Bataclan. Je suis attaché à cette salle, j'y ai souvent joué. Ce serait bien d'y organiser un jour un grand concert avec tous les artistes qui s'y sont déjà produits. Je lance l'idée.»

    1969, LA RÉVÉLATION : «J'avais d'abord refusé Hair»

    «Ses créateurs sont venus me chercher à l'Olympia, en première partie de Bécaud, en février 1969. Et j'ai d'abord refusé. J'avais fait la Cavalerie et Ivanovitch, c'était pas mal en un an. J'avais des chansons sérieuses et la publicité de Hair ne montrait que la nudité. Bon, ils ont insisté et m'ont incité à voir le spectacle à Londres. C'était impressionnant, je ne pouvais plus refuser. La troupe m'a accueilli d'un mauvais oeil car j'ai pris la place du fils du mime Marceau, j'ai imposé mes musiciens et continué mes galas. Je voulais exister à côté de Hair. Mais ce fut un énorme succès, la troupe était invitée dans toutes les soirées avec l'idée qu'on y répète, en vrai, nos dérapages sur scène. Ça a été un accélérateur de célébrité.»

    1967, LA RENCONTRE : «Qui écrit des paroles ?»

    «J'étudiais l'anglais à la Sorbonne et je passais ma vie dans ce bistrot. Je composais des musiques -- je voulais faire de la chanson qui bouge mais à textes -- mais je ne connaissais pas de parolier. Un jour de 1966, j'ai lancé en désespoir de cause : «Il n'y a pas quelqu'un qui écrit des paroles de chansons ?» J'ai entendu une voix : «Si, moi !» C'était Etienne Roda-Gil. A quoi tient une vie ? Les premières années, Etienne participait à tout, du lettrage sur les pochettes au choix de mon nom d'artiste. J'ai transformé mon vrai nom Paul Alain Leclerc en Julien Clerc. Julien pour son côté romantique (NDLR : comme Julien Sorel, le héros du «Rouge et le Noir») et mon vrai nom, Leclerc coupé en deux pour ne pas gêner mon père. Le pauvre s'était énormément battu pour avoir ma garde après son divorce. Il était déçu que l'aîné que j'étais ne suive pas ses traces de haut fonctionnaire.»

    1985, LE TRIOMPHE : «Le premier Français à faire Bercy»

    «Les années 1980 furent un tournant dans ma carrière. Roda-Gil n'était plus à mes côtés. Je travaillais avec d'autres auteurs : Dabadie, Plamondon, McNeil... Ce sont des années avec de gros singles, Mélissa, Lili voulait aller danser, Coeur de rockeur. Je fus le premier chanteur français à faire Bercy, en 1985. Douze soirs complets, c'est inimaginable aujourd'hui. A cette époque, j'ai aussi commencé à prendre des cours de chant. On disait que je bêlais. C'était à la fois un peu blessant et une marque de fabrique. Dans les années 1980, on faisait des conneries. A force d'excès et de manque de technique, j'abîmais ma voix. Depuis, je n'ai jamais arrêté de prendre des cours.»

    2017, L'AMOUR : «Je vouvoie ma femme Hélène»

    «Jouer au théâtre et au cinéma, c'était pas mon truc. Le film D'amour et d'eau fraîche, en 1976, ne m'a pas emballé mais m'a permis de rencontrer Miou-Miou. Après, on a vécu ensemble et eu deux filles (NDLR : Jeanne, 29 ans, et Angèle, 43 ans, fille de Patrick Dewaere que Julien Clerc a adoptée). On se revoit toujours avec bonheur. Elle était présente à mon dîner d'anniversaire des 70 ans (NDLR : le 4 octobre). Il y avait les filles et leurs mamans, Miou-Miou et Virginie (NDLR : la maman de sa 3 e fille, Vanille, 28 ans, et de son premier fils, Barnabé, 20 ans) . Je suis très reconnaissant à Hélène, ma femme (NDLR : rencontrée en 2003 et avec qui il a eu un fils : Léonard, 9 ans), d'avoir permis cela. Dieu sait que j'ai aimé les mères de mes enfants, mais c'est vrai qu'Hélène est arrivée au bon moment. J'ai trouvé chaussure à mon pied sur tous les plans. Elle m'inspire et inspire aussi les auteurs comme Didier Barbelivien qui a écrit A vous jusqu'à la fin du monde sur notre vouvoiement entre Hélène et moi.»