Dropkick Murphys, les nouveaux rois du punk à la conquête de Paris

Le groupe se produit ce vendredi et samedi au Zénith de Paris.

 Le groupe de musique Dropkick Murphys dans notre camping-car aux Eurockéennes© de Belfort
Le groupe de musique Dropkick Murphys dans notre camping-car aux Eurockéennes© de Belfort . Jean Nicholas Guillo

    Ils sont (encore) inconnus du grand public. Pourtant, ils remplissent ce vendredi soir et samedi le Zénith de Paris ! Les Dropkicks Murphys sont aux années 2000 ce que le Clash a été aux années 70-80 et les Pogues aux années 80-90. Les porteurs les plus talentueux et populaires d'un idéal mêlant attitude punk, discours politique et traditions folk.

    Célébré outre-Atlantique, y compris par des stars comme Bruce Springsteen et Martin Scorsese, le groupe de Boston attire de plus en plus de fans en France. Il suffit de les voir sur scène pour comprendre pourquoi : leurs prestations à haute énergie, leurs hymnes mêlant guitares rugissantes et chœurs virils, leurs discours défendant la classe ouvrière, soulèvent les foules.

    Tout comme leur générosité, dont nous avons pu juger la véracité l'été dernier en les invitant dans le camping-car du Parisien au festival des Eurockéennes. Les sept membres du groupe nous ont d'abord offert un titre live - leur tube chaleureux « Until The Next time » - puis raconté, à travers leur chanteur Al Barr, leur histoire. Depuis leurs débuts dans la banlieue de Boston, en 1996, à leurs tournées dans le monde entier.

    Aviez-vous déjà joué dans un camping-car ?

    AL BARR. Oui, souvent ! Nous avons même fait une tournée dans un camping-car quand même un peu plus gros que celui-là. Mais je ne le recommande pas. Les guitaristes du groupe le qualifient de « boîte de chips sur roulettes ». Autant dire qu'on ne peut pas survivre d'un accident dans pareille machine.

    Comment le groupe s'est-il formé ?

    Ken (NDLR : Casey, le bassiste-chanteur) l'a fondé chez un barbier de Quincy, dans la banlieue de Boston, dans le Massachusetts. Un gars lui avait prêté de l'argent en échange de former un groupe et jouer dans son bar. Ils ont joué deux fois deux chansons, dont une reprise, et le groupe est né.

    D'où vient son nom ?

    De John Murphy. Le gars qui a créé dans les années 40 des maisons de cures de désintoxication dans l'agglomération de Boston. Il avait appelé ces maisons des « Dropkick Murphys ». Depuis, nous essayons d'aider financièrement des associations qui luttent contre les overdoses par antidouleurs (NDLR : celles qui ont tué Prince, Tom Petty et la chanteuse des Cranberries). L'an dernier, rien qu'aux Etats-Unis, il y a eu 53 000 overdoses !

    Vous vous considérez comme un groupe punk ou celtique ?

    Nous sommes un groupe punk américain qui puise dans ses racines folk irlandaises et américaines. Nos aïeux sont des groupes comme les Pogues mais aussi de vieux musiciens folks comme Pete Seeger et Woody Guthrie. Les Mighty Mighty Bosstones, lorsqu'ils ont explosé dans le monde, nous ont mis le pied à l'étrier en nous prenant en première partie de leur tournée aux Etats-Unis et en Europe en 1997. Depuis on a travaillé dur et tourné inlassablement.

    Quels sont vos messages ?

    Nous parlons de ce que nous connaissons, les batailles du quotidien pour s'en sortir. Nous sommes un groupe de banlieue, nous venons tous de la classe ouvrière. La musique punk est pour moi une version moderne de la musique folk. Elle vient du peuple et va au peuple.

    Que pensez-vous de Donald Trump ?

    Pff… Les gouvernements ne nous sauveront pas, pas plus celui de Trump que les autres. Ils sont alliés aux médias pour alimenter les peurs, les divisions… Nous pensons qu'il faut nous prendre en main. Et que la musique nous sauvera. Dans les festivals comme les Eurockéennes, dans nos concerts, peu importe la couleur, les croyances, les idées, tout le monde est réuni sous une même bannière. Et on a les meilleurs fans du monde !

    Parmi eux, Martin Scorsese vous a fait aussi un sacré cadeau en prenant votre chanson « Shipping up to Boston » dans la B.O. de son film « Les Infiltrés»…

    Jamais on n'avait pensé avoir un jour une chanson dans un film. Et c'est tombé sur un énorme film. On avait entendu dire que Robbie Robertson, du groupe The Band, qui est un grand fan aussi lui avait prêté un de nos albums et lui avait suggéré notre chanson pour un de ses films. Il nous a fait une pub incroyable dans le monde. Lorsqu'il a remporté l'Oscar pour ce film, il a dit sur le tapis rouge qu'il remerciait les gens de Boston et le groupe Dropkick Murphys qui est un super groupe. C'était incroyable, surréaliste. Comme avoir un tube pour un groupe qui n'en a jamais eu. Malheureusement, on ne l'a pas encore rencontré pour le remercier à notre tour.