Le grand compositeur grec Mikis Theodorakis est mort

Symbole de la résistance sous la dictature des colonels, il avait notamment signé la musique du film « Zorba le Grec », en 1964. Il s’est éteint à l’âge de 96 ans à Athènes.

Mikis Theodorakis en 2019 lors d’une manifestation à Athènes. Ces dernières années, le célèbre musicien avait été hospitalisé à plusieurs reprises en raison de problèmes cardiaques.  AFP/Angelos Tzotzinis
Mikis Theodorakis en 2019 lors d’une manifestation à Athènes. Ces dernières années, le célèbre musicien avait été hospitalisé à plusieurs reprises en raison de problèmes cardiaques. AFP/Angelos Tzotzinis

    Le drapeau grec était en berne jeudi sur l’Acropole et une minute de silence a été respectée au parlement grec. Le grand compositeur Mikis Theodorakis, ancien résistant et opposant à la dictature des colonels, est mort à l’âge de 96 ans à Athènes, a-t-on appris de source hospitalière. Il souffrait de problèmes cardiaques ces dernières années et avait déjà été hospitalisé.

    Né le 29 juillet 1925 à Chios, en Égée, dans une famille d’origine crétoise, Mikis Theodorakis est l’auteur d’une oeuvre vaste et le plus célèbre des compositeurs grecs. Il est devenu le symbole de la résistance en Grèce à travers les époques. Engagé auprès des communistes au cours de la guerre civile qui éclate en Grèce à la suite du conflit mondial, il est déporté dans l’île-bagne de Macronissos, où il est torturé. Dès le début de la dictature des Colonels, qui démarre le 21 avril 1967, Theodorakis est arrêté. Pendant la crise financière qui frappe la Grèce, il manifeste contre les mesures d’austérité imposées par les créanciers du pays (BCE, UE, FM).

    Il était devenu célèbre en composant la musique du film « Zorba le Grec » (1964), une rengaine reprise à travers le monde Mais il était aussi connu pour ses bandes originales de films, de " Z " en 1969 et " Serpico " en 1973. D’oratorios en symphonies, d’hymnes en opéras, il s’est auissi attaché à ouvrir au grand public la tradition classique et la poésie, mettant en musique Axion Esti du prix Nobel Odysseas Elytis ou le Canto General de Pablo Neruda.

    « Mikis Theodorakis passe maintenant dans l’éternité. Sa voix a été réduite au silence et avec lui tout l’hellénisme a été réduit au silence », a estimé jeudi le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis qui a décrété trois jours de deuil national à partir de jeudi. « Mikis était notre histoire », a précisé le Premier ministre grec. « Mikis a apporté de la lumière à nos âmes. Il a marqué avec son oeuvre la vie de ceux qui ont choisi la route de la démocratie et de la justice sociale », a partagé sur les réseaux sociaux le leader de l’opposition de gauche (Syriza) et ancien Premier ministre, Alexis Tsipras.

    « Aujourd’hui nous avons perdu une partie de l’âme de la Grèce. Mikis Theodorakis, notre Mikis à tous, l’enseignant, l’intellectuel, le résistant, est parti. Celui qui a fait chanter des poètes à tous les Grecs », a réagi la ministre de la Culture grecque Lina Mendoni, jeudi, dans un communiqué. La présidente de la République Eikaterini Sakellaropoulou a salué « un créateur grec et en même temps universel, un atout inestimable de notre culture musicale (...) qui a dédié sa vie à la musique, aux arts, à notre pays et à ses habitants, aux idées de liberté, de justice, d’égalité, de solidarité sociale ».

    « Avec une profonde émotion et des applaudissements incessants, nous disons au revoir à Mikis Theodorakis, militant-créateur, leader et pionnier d’un nouvel art combatif en musique », a déclaré jeudi le parti communiste grec. « Les Amis de la Grèce et le peuple grec pleurent aujourd’hui la disparition d’un géant de la culture et de la liberté, Mikis Theodorakis », s’est ému Jack Lang, ancien ministre de la Culture sous François Mitterrand qui avait rencontré l’artiste. « Mikis reste pour l’éternité un combattant iconique de la démocratie et de la liberté », a-t-il ajouté.