Tout Jean-Jacques Goldman est enfin disponible en streaming

Il était le dernier à résister. Le chanteur s’est adapté aux nouvelles formes de consommation musicale et sa discographie est accessible depuis vendredi sur les plateformes.

 Jean-Jacques Goldman lors du concert des « Enfoirés » de Strasbourg en 2014 in Strasbourg.
Jean-Jacques Goldman lors du concert des « Enfoirés » de Strasbourg en 2014 in Strasbourg. AFP/Patrick Hertzog

    C'était le dernier résistant. Ultime acteur d'un monde où l'on vendait encore des disques, ces objets que nos enfants commencent à observer comme des reliques d'un autre temps. Jean-Jacques Goldman en a vendu par millions pendant trois décennies. Au point de se permettre de prendre une quasi-retraite artistique depuis le milieu des années 2000.

    Au point aussi de se dire qu'il n'avait pas besoin de cette nouvelle façon d'écouter de la musique : le streaming. Jusqu'à aujourd'hui. Ou plutôt jusqu'à ce vendredi, où en se réveillant, tous les usagers de Deezer, Spotify et autre Apple Music ont découvert qu'ils pouvaient enfin écouter l'ensemble de sa discographie soit neuf albums studios, cinq compilations et six lives.

    Une arrivée dont le secret a été soigneusement gardé. « Il nous a été demandé de ne rien dire jusqu'à ce vendredi, confirme Antoine Monin, l'un des responsables de Spotify France. C'est de plus en plus le cas pour des grosses stars internationales qui mettent en ligne leurs nouveaux albums par surprise. C'est une façon de mieux contrôler la communication. ». Et « Quand la musique est bonne » comme dirait Goldman, pas besoin d'en parler.

    « Lui et son entourage y songeaient depuis longtemps »

    L'artiste, fidèle à son habitude, n'a pas fait la moindre déclaration. Ce vendredi, sa maison de disques Sony se refusait également à tout commentaire. Mais pourquoi le chanteur français le plus discret de sa génération a finalement été séduit par les sirènes du streaming ? Parce qu'il ne pouvait plus faire autrement selon les spécialistes. « Ça fait longtemps que lui et son entourage y songeaient mais ils n'étaient pas pressés, décrypte Ludovic Pouilly directeur des relations avec les labels chez Deezer. Ses albums étaient toujours disponibles en CD. Il n'y avait aucune urgence. Sauf que depuis deux ou trois ans, le streaming a permis à l'industrie musicale de retrouver une vraie croissance économique. »

    Selon le Syndicat National de l'Édition Phonographique (Snep), c'est grâce au streaming que la consommation de musique en France a progressé de 12, 7 % lors du premier semestre 2019 avec 277 millions d'euros générés pour pas loin de 5, 5 millions d'abonnés payants à des sites type Deezer ou Spotify en France. Mais il a parfois fallu du temps pour que les artistes plus anciens soient convaincus par cette mutation.

    « Jusqu'à mon dernier disque, je pensais que le streaming ralentissait la vente d'albums, nous expliquait Francis Cabrel il y a deux ans au moment où il a lui aussi franchi le pas. C'était une réaction un peu passéiste. Puis je me suis rendu compte que les gens étaient demandeurs. J'ai vu aussi mes enfants écouter de la musique comme ça. Et je me suis moi-même abonné à une plate-forme pour voir ce que c'était. Et j'ai trouvé ça extrêmement pratique. »

    Il touche près de 25 % sur chaque disque

    Il ne restait donc plus que Goldman. « À ma connaissance, c'était vraiment le dernier gros artiste français, voire même dans le monde à ne pas avoir encore mis en ligne sa discographie, confirme Antoine Monin chez Spotify. Preuve que le streaming fait des adeptes chez les utilisateurs et aussi chez les artistes. » Même si certains se plaignent de sa faible rémunération pour les musiciens par rapport aux revenus générés par les ventes de CD.

    « Il y a eu peut-être eu une incompréhension du modèle économique, une rémunération plus faible pendant un certain temps, analyse Ludovic Pouilly du côté de Deezer. Mais à l'époque il y avait beaucoup moins d'abonnés qu'aujourd'hui et par ailleurs, les plateformes de streaming reversent 70 % de leurs revenus aux labels, éditeurs, ayants droit. Ensuite tout dépend du contrat de l'artiste avec son producteur. » À ce sujet, Goldman n'a visiblement pas de souci à se faire.

    Selon certaines estimations, il touche près de 25 % sur chaque disque vendu contre moins de 10 % pour un jeune artiste à la grande époque. Un contrat parmi les plus rentables de l'industrie musicale.

    Il était très attendu