L’héritage des grandes invasions : mystérieux Celtes

« Nos ancêtres les Gaulois... », proclamaient autrefois les livres d'histoire. Sauf que d'autres peuples ont aussi participé au fondement de ce qui sera plus tard la France. A commencer par les Celtes.

    Jusqu'au 14 août, les Celtes sont les rois de Lorient (Morbihan), avec plus de 700 000 visiteurs attendus au Festival interceltique. Il y a deux millénaires, ils étaient les rois de l'Europe ! Du VIIIe au Ier siècle avant notre ère, ils ont en effet occupé la majeure partie du Vieux Continent, de l'Irlande jusqu'à la Hongrie et la Roumanie, et bien entendu ce qui constituera plus tard la France.

    Probablement originaires d'Asie mineure (lire ci-dessous), les Celtes nous ont laissé un héritage à la fois conséquent et encore empli de mystères. Car, l'écriture étant interdite par les druides, ils possédaient une culture uniquement orale et ne nous ont donc légué aucun texte. Ce sont donc les témoignages de leurs voisins de l'époque, les Grecs et les Romains, qui sont aujourd'hui utilisés par les historiens.

    Une mosaïque de peuples

    Pis, ils ne s'appelaient pas Celtes entre eux ! « Dès le VIe siècle avant J.-C., le nom Keltoi apparaît dans les textes des Grecs, qui désignent par là une mosaïque de peuples rencontrés au gré de leurs échanges commerciaux sur les marches de la Méditerranée », rappelle Christophe Migeon dans « les Celtes, origine, histoire, héritage », un numéro spécial du magazine « Science & Vie »*.

    Les Romains latinisent ensuite le substantif en Celtae. Ayant eu à subir plusieurs invasions de leur part, les occupants de l'actuelle Italie finissent par mettre au pas leurs remuants voisins. En Gaule, cela se passe au IIe siècle avant J.-C., une « normalisation » facilitée par l'absence d'autorité centrale des tribus gauloises, adeptes de fédérations mais rétives à toute autorité centrale. La conquête est achevée par Jules César vers moins 50 avant J.-C. Celui-ci et ses contemporains auront beau jeu de traiter les vaincus de barbares. La civilisation était pourtant loin d'être primitive. Les trésors retrouvés dans les tombes, par exemple, montrent un degré de sophistication élevé dans le travail des métaux ou des bijoux.

    De même, les Celtes, et donc les Gaulois, ne vivaient pas tous dans de petits villages perdus dans la forêt. Avant l'occupation romaine, beaucoup résidaient aussi dans des agglomérations urbaines fortifiées, les oppida. Enfin, les femmes n'étaient pas toutes sous la coupe des hommes et il semble que certaines d'entre elles aient détenu des pouvoirs politiques, voire guerriers, considérables.

    A l'Est, du nouveau

    Du capuchon aux mines de fer

    Amis cyclistes, la cape que vous portez les jours de pluie pourrait bien être la descendante du lointain cucullus des Celtes. Il s'agit d'un « manteau court avec une capuche, spécifique aux Gaulois », selon Katherine Gruel, chercheuse en numismatique celte au CNRS. Au fil des siècles, bien après la conquête romaine, le mot a subi quelques transformations. Si bien qu'au XVIe siècle, Rabelais parlait déjà de cagoulle, l'actuel capuchon, qui depuis a perdu un l et signifie désormais autre chose.

    En plus d'être d'excellents tisseurs, les Celtes, « étaient de grands guerriers, poursuit la chercheuse, qui accordaient une importance primordiale à l'agriculture, et disposaient d'un savoir-faire exceptionnel en métallurgie ». Les Celtes « exploitaient le fer et le sel dans des mines parfois souterraines, et ont inventé la moissonneuse ». Une innovation qui servira une société majoritairement rurale jusqu'à la révolution industrielle du XIXe siècle.

    Ce peuple de tradition orale survit encore aujourd'hui grâce à ses apports linguistiques. Dans le breton, bien sûr, mais aussi dans le français que nous parlons tous les jours. Des mots comme « boue », « talus », « béret » et même « cocorico ! » sont d'origine gauloise, donc proviennent très certainement du celte.