Netflix, Disney... des scénaristes de séries et films américains menacent de se mettre en grève

Faute d’accord sur une hausse de leur rémunération, les scénaristes américains menacent de se mettre en grève à partir de mardi. Des émissions de télévision, des séries et des films pourraient être interrompus ou retardés.

Les scénaristes d'Hollywood pourraient se mettre en grève à partir de mardi. (illustration) Reuters/Mike Blake
Les scénaristes d'Hollywood pourraient se mettre en grève à partir de mardi. (illustration) Reuters/Mike Blake

    Faudra-t-il patienter plus encore pour la prochaine saison d’une série à succès ou devra-t-on se passer de certains « late shows » américains, pour les plus anglophones d’entre nous ? Une grève des milliers de scénaristes de télévision et de cinéma américains pour une hausse de leur rémunération se profile à Hollywood faute d’accord, à quelques heures de l’expiration d’un préavis ce lundi.

    Les principaux studios et plates-formes, dont Disney et Netflix, sont en pourparlers avec le puissant syndicat des scénaristes, Writers Guild of America (WGA), qui menace, si aucun accord n’est trouvé, d’ordonner un mouvement de grève après minuit.

    Cela entraînerait l’interruption immédiate des émissions à succès, comme les « late-night shows », et retarderait de manière importante les séries télévisées et films dont la sortie est prévue cette année. Le dernier mouvement social d’ampleur à Hollywood remonte à la grève des scénaristes qui avait paralysé l’audiovisuel américain en 2007-2008. Un conflit de 100 jours qui avait coûté deux milliards de dollars au secteur.

    Les scénaristes réclament une hausse de leur rémunération et une plus grande part des bénéfices générés par le streaming alors que les studios affirment devoir réduire leurs coûts en raison de pressions économiques. « Tout le monde a l’impression qu’il va y avoir une grève », a déclaré sous couvert d’anonymat un scénariste pour la télévision basé à Los Angeles. Avec pour enjeu « un accord qui va déterminer la manière dont nous sommes rémunérés » pour le streaming, aussi bien aujourd’hui qu’à l’avenir, a-t-il ajouté.

    Du mal à vivre de leur métier

    Les scénaristes affirment avoir du mal à vivre de leur métier, avec des salaires qui stagnent, voire baissent en raison de l’inflation, alors que leurs employeurs réalisent des bénéfices et augmentent les salaires de leurs dirigeants. Ils estiment n’avoir jamais été aussi nombreux à travailler au salaire minimum fixé par les syndicats, tandis que les chaînes de télévision embauchent moins de personnes pour écrire des séries de plus en plus courtes.



    L’un des principaux désaccords porte sur le mode de calcul de la rémunération des scénaristes pour les séries diffusées en streaming, qui sur des plateformes comme Netflix restent souvent visibles pendant des années après avoir été écrites. Depuis des décennies, les scénaristes perçoivent des « droits résiduels » pour la réutilisation de leurs œuvres, par exemple lors des rediffusions télévisées ou des ventes de DVD. Il s’agit soit d’un pourcentage des recettes engrangées par les studios pour le film ou l’émission, soit d’une somme fixe versée à chaque rediffusion d’un épisode.

    Avec le streaming, les auteurs reçoivent chaque année un montant fixe, même en cas de succès mondial de leur travail comme les séries « Bridgerton » ou « Stranger Things », vues par des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde entier. La WGA réclame la revalorisation de ces montants aujourd’hui « bien trop faibles au regard de la réutilisation internationale massive » de ces programmes. Elle veut également évoquer le futur impact de l’intelligence artificielle sur le métier de scénariste.