Rencontre avec le père d'Eragon

En créant Eragon, dont « Brisingr », le troisième tome des aventures, sort jeudi en France, l'Américain Christopher Paolini s'est tracé un destin fabuleux dans l'édition jeunesse.

Rencontre avec le père d'Eragon

    Des dizaines de milliers d'adolescents retiennent leur souffle : jeudi prochain, « Brisingr », le troisième tome de la saga « l'Héritage », sera enfin disponible dans les librairies. Ils retrouveront alors leur héros, Eragon, sa curieuse monture, un dragon, et replongeront dans l'univers de légende créé par un jeune homme qui leur ressemble. Et pour cause : Christopher Paolini n'avait que 14 ans quand il a commencé à écrire cette fabuleuse histoire. Dix ans plus tard, l'Américain est devenu multimillionnaire mais rien n'a changé dans sa vie. Volontairement discret, voire secret, il ne répond qu'à de rares interviews et vit reclus dans la maison familiale, dans le Montana. Il a créé la légende Eragon, il entretient la légende Paolini. Nous avons eu le privilège de lui parler, et il a accepté de revenir sur ce que l'on sait de lui, ou ce que l'on croit savoir.

    Vous avez publié le premier tome de votre saga à seulement 16 ans. Comment est-ce possible ?

    Christopher Paolini. Je ne suis jamais allé à l'école. Ma mère était une ancienne enseignante, elle avait de l'expérience et elle nous a tout appris, à ma soeur et à moi, à la maison. A 14 ans, j'ai eu mon diplôme de fin d'études secondaires (NDLR : l'équivalent du baccalauréat en France). Mes parents me trouvaient trop jeune pour aller à l'université. Ils m'ont dit : « Fais ce que tu veux ! » Mais je n'avais pas de boulot, pas de voitureâ?¦ Alors je me suis enfermé dans ma chambre, j'ai écrit « Eragon » en un an, et je l'ai réécrit encore pendant un an avant de le montrer à mes parents.

    Comment ont-ils trouvé le texte ?

    Il fallait le retravailler bien sûr, mais j'ai eu la chance qu'ils aiment. Ils n'ont pas voulu prendre le risque de l'envoyer à une maison d'édition au hasard, et ils l'ont donc imprimé eux-mêmes, à quelques dizaines d'exemplaires. Le livre a vite fini chez un véritable éditeur, mais mes parents ont continué à m'aider pour promouvoir la saga, partout dans le monde.

    Où avez-vous été élevé ?

    Dans le Montana, où j'habite encore. J'ai grandi sans Internet et sans télé. Maintenant on est équipés, mais pas quand j'étais enfant. On avait seulement le matériel nécessaire pour regarder des films en cassettes vidéo.

    Du coup, je lisais beaucoup.

    Comment avez-vous procédé pour construire votre roman ?

    J'ai lu des livres sur la façon de bâtir un scénario notamment. Et au début, j'ai écrit un plan. L'histoire n'a pas beaucoup changé ensuite mais il est arrivé que des personnages fassent des choses auxquelles je ne m'attendais pas.

    Eragon, c'est vous ?

    Je n'aurais pas aimé traverser toutes les épreuves qu'il a endurées, mais je dois bien admettre qu'à son âge, je rêvais d'avoir un dragon et de voler sur ses ailes. Maintenant, j'ai 24 ans, Eragon a peu vieilli depuis le début de la série, mais je me sens toujours proche de lui. C'est facile pour moi de savoir comment il réagirait à toutes les situations.

    Comment envisagez-vous votre avenir ?

    Je veux conserver une vie tranquille et paisible. J'aime sortir de la maison, faire un tour dans la campagne, revenir à mon bureau. Je vais passer l'année 2009, et peut-être plus, à écrire le quatrième et dernier tome de « l'Héritage ». Aprèsâ?¦ Je pense que je suis devenu écrivain maintenant. Parce que j'aime ça et parce que le public a l'air d'aimer le résultat aussi.

    « Brisingr », Ed. Bayard Jeunesse. 21,90 â?¬