Rencontre avec Niels Arestrup, le mélancolique

LE PARISIEN WEEK-END. Le comédien de 69 ans, qui incarne Churchill au théâtre dans « Skorpios au loin », aimerait renouer avec ses racines et offrir de l’espoir.

Une ode à la vie par le comédien Niels Arestrup.
Une ode à la vie par le comédien Niels Arestrup. Domine Jerome/Abaca

    Niels Arestrup, fou de Greta Garbo dans « Skorpios au loin », nous confie quelques envies pour l'avenir :

    Rencontrer Brigitte Bardot. Je voudrais lui dire merci. Merci d'exister, merci d'avoir accompagné mes rêveries depuis l'enfance. Quand j'étais gamin, mes parents m'emmenaient au cinéma avec eux parce qu'ils n'avaient pas les moyens de me faire garder. J'observais cette femme étrange et décalée sur grand écran. J'ai continué à voir ses films, à apprécier sa personnalité. Et puis, un jour, elle s'est arrêtée pour se consacrer à la cause animale, un sujet qui me touche.

    Tourner avec Michael Haneke et Lars von Trier. Ces deux cinéastes me bouleversent. « Melancholia », de Lars von Trier, comme « Le Ruban blanc » ou « Amour », de Michael Haneke, sont des films mélancoliques qui parlent de la fin des choses. J'aime rire, mais seuls les artistes qui sont dans une quête de profondeur m'intéressent vraiment.

    Monter une pièce en forme d'ode à la vie. Je voudrais créer une pièce de théâtre qui donne de la force, de l'amour et du courage au public. Dans un contexte économique difficile, alors que chacun tend à se replier sur soi, à penser que la vie est sinistre, je voudrais délivrer un message d'espoir. Je demanderais à des auteurs contemporains mais aussi à un peintre, un chef cuisinier, à des anonymes... de nous dire ce qui les anime, ce qui les porte. Pour que les spectateurs ressortent le coeur rempli.

    Donner à mes enfants beaucoup de liberté. J'ai deux enfants de 6 ans, une fille et un garçon. Je voudrais éviter de leur donner des leçons au prétexte que j'ai déjà une longue vie derrière moi. Rester à l'écoute de leurs propres balbutiements dans l'existence, les respecter complètement, ne pas chercher à les formater. J'aimerais qu'ils puissent laisser aller leurs pulsions, leurs désirs.

    Apprendre le danois. Je suis à moitié danois. Quand j'allais voir la famille de mon père, au Danemark, j'aimais entendre mes oncles et mes cousins. A la maison, mon père ne parlait que français et ne voulait pas m'apprendre « une langue qui n'intéresse personne et qui ne te servira à rien ». Le temps a filé, et les regrets sont venus. Je répète parfois à voix haute des phrases en danois pour m'imprégner de leur saveur.

    Savoir faire le tiramisu. J'adore ce dessert, c'est une tuerie ! Vous en mangez un morceau, vous prenez trois kilos. Je ne m'intéresse pas à la cuisine mais le tiramisu me rappelle les moments passés à Rome, il y a trente-cinq ans, pour le tournage de « Le futur est femme », de Marco Ferreri. Je suis tombé amoureux de cette ville, de sa lumière, ses pierres, ses portes cochères, ses habitants. Manger un tiramisu à Rome, le bonheur !