«En attendant Bojangles», le livre phénomène

Déjà auréolé de quatre prix littéraires, « En attendant Bojangles », d'Olivier Bourdeaut, est en tête des ventes.

Paris (Ve), le 26 février. Le monde littéraire s’enflamme pour le brillant Olivier Bourdeaut, auteur d’un roman incandescent dans la lignée des œuvres de Boris Vian.
Paris (Ve), le 26 février. Le monde littéraire s’enflamme pour le brillant Olivier Bourdeaut, auteur d’un roman incandescent dans la lignée des œuvres de Boris Vian. (LP/Jean-Baptiste Quentin.)

    Comme disait la marionnette de Ribéry chez « les Guignols » Canal historique, il a une gueule de « bogosse ». Mieux : la tête du gendre idéal. Sauf que le Nantais Olivier Bourdeaut, 35 ans, n'a jamais été le chéri des bonnes familles... Ce « fils de bourgeois » — comme il se présente — brille sous les feux de la rampe avec « En attendant Bojangles », son premier roman. Près de 70 000 exemplaires vendus et déjà quatre prix littéraires : RTL-Lire, France Culture-Télérama, France Télévisions, l'Express-BFMTV...

    Pourtant, pendant dix ans, cet ancien mauvais élève, vite déconnecté de l'école pour cause de dyslexisme et d'ouïe défaillante, puis tout aussi rapidement débranché des boulots qu'il trouvait dans le domaine immobilier, s'est retrouvé saute-ruisseau à 20 ans, abonné au RSA, dormant tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre. « Au bout d'un moment, ça devient pesant de ne pas avoir dans sa poche les clés de chez soi, ni une boîte aux lettres remplie de factures comme tout le monde. » C'est son frère, Xavier, qui a accueilli la brebis égarée. Il lui a offert le gîte, le couvert et les cigarettes, le tout assorti d'une rame de papier et d'un stylo.

    Des déceptions éclairantes

    Olivier, en effet, avait envie d'écrire. Dont acte. Cinq cents pages bien tassées d'un bouquin « très cynique, très sombre, très violent » dont personne n'a voulu. Ça s'appelait « l'Intérêt du crépuscule ». La nuit est tombée tout de suite. Mais il y a des déceptions éclairantes. Débarrassé de ses ombres, ce raté magnifique a fait cynisme arrière et le pari du bonheur en racontant la trajectoire d'un couple amoureux, en orbite des contingences de la vie courante. Avec eux, un môme, le narrateur, éclaboussé par leur insouciance mais pas dupe de ce qu'elle cache, et un échassier, Mademoiselle Superfétatoire, en liberté dans la baraque.

    Dans cette improbable famille, on danse et on aime la chanson « Mr. Bojangles ». C'est un éditeur d'Aquitaine, Finitude, qui a attrapé au vol cette balle perdue pour les autres. « Quand j'ai su que Michel Déon était à leur catalogue, j'étais fier ! Michel Déon, c'est un de mes écrivains préférés ! » En dix jours, le soleil de la couverture et la chaleur du bouche-à-oreille ont embrasé les ventes pour un feu d'artifice de prix littéraires.