Expo gratuite à Paris : Willy Ronis, quel délice !

Le Pavillon Carré de Baudouin (XXe) accueille jusqu’au 29 septembre 2018 une expo photo de classe internationale. Chacun peut découvrir, réunis pour la première fois, 590 clichés de ce géant français de la photographie (1910-2009).

 Les amoureux de la Bastille, Paris, 1957.
Les amoureux de la Bastille, Paris, 1957. Willy Ronis

    Ici, une incroyable scène de manifestation du Front Populaire. Là, des décennies de scènes de la vie quotidienne à Belleville et à Ménilmontant, ses quartiers de prédilection. A quelques mètres, ses nus les plus fameux, ou encore les portraits emblématiques du monde ouvrier qui firent sa renommée de journaliste engagé.

    « Willy Ronis par Willy Ronis » est la plus importante et la plus singulière des rétrospectives consacrées au géant français de la photographie. C'est la première fois que les 590 clichés soigneusement réunis et commentés par l'auteur lui-même sont exposés dans un seul et même lieu.

    Ronis, dont les toutes premières photos remontent à 1936, avait légué ses collections à l'Etat dès les années 1980. Il est mort en 2009, presque centenaire.

    Exposition Willy Ronis par Willy Ronis. /LP
    Exposition Willy Ronis par Willy Ronis. /LP Willy Ronis

    Pour servir d'écrin à cette exposition d'exception, la mairie du XXe arrondissement a mis à disposition les salles de son séduisant Pavillon Carré de Baudouin. Dans cette folie du XVIIIe siècle, elle organise depuis tout juste dix ans des événements culturels gratuits de grande classe.

    Judith, Parisienne d'origine américaine, est conquise. « J'ai appris la nouvelle dans le New York Times, et je viens pour la troisième fois en à peine deux semaines ».

    Sur les murs des salles du Pavillon sont accrochés 190 tirages. On peut soi-même, grâce à des tablettes numériques, consulter les 400 autres clichés sélectionnés par l'auteur. Et projeter celles de son choix sur des tableaux numériques au très grand format. De petits films où Ronis évoque son travail sont également diffusés.

    Le petit parisien /WILLY RONIS
    Le petit parisien /WILLY RONIS Willy Ronis

    « Revoir en vrai et agrandies les photos que l'on connaissait en petit format et dans les livres est très émouvant », estime Patrick. Il apprécie la découverte de détails qu'il n'aurait jamais soupçonnés. Timothée, 16 ans, n'en revient pas : « J'imagine mieux comment l'on vivait au XXe siècle ! », s'extasie l'ado.

    La rétrospective a été conçue par deux proches et exécuteurs testamentaires de Ronis. « Toute sa vie, il a regardé ses frères humains et l'a fait avec beaucoup d'humilité », décrypte Gérard Uféras, l'un d'eux, ami et collègue du maître à l'agence Rapho.

    Pour ce spécialiste, « la technique ne se met jamais en avant » dans les images de Willy, le virtuose érudit. Gérard Uféras se souvient que Ronis « a fait des photos jusqu'à ce qu'il ne parvienne plus à marcher ».

    Autoportrait aux flashes Paris 1951/Willy Ronis
    Autoportrait aux flashes Paris 1951/Willy Ronis Willy Ronis

    A la sortie, une borne informatique permet de commander et d'acheter, entre 29 et 300 €, des tirages, encadrés ou non. « Les prix sont très raisonnables pour des œuvres de cette qualité », souligne Judith.

    Jusqu'au 29 septembre, du mardi au samedi de 11 heures à 18 heures. Visites commentées chaque samedi à 15 heures. Pavillon Carré de Baudouin, 121, rue de Ménilmontant, Paris (XXe). Entrée libre.