Expo gratuite : des trésors de céramiques à Beauvais
Le Musée de l’Oise, à Beauvais, expose 300 des plus belles céramiques de sa collection dix fois plus importante. Du IXe siècle à nos jours, la poterie brille dans tous ses états. En grès, émaillée, glacée, en carreau ou en porcelaine.
Trésors céramiques. Cette exposition du Musée de l'Oise (Mudo), à Beauvais, n'a pas usurpé son nom. Sous la magnifique charpente en bois du XVIe siècle du Mudo, au sein de la cité épiscopale, brillent 300 céramiques du IXe siècle à nos jours. Un panel de la riche collection du musée qui cache quelque 3 500 pièces dans ses réserves. Le Mudo ouvrira en 2021 un espace d'exposition permanente à la céramique et en expose les meilleures pièces.
Comme les vases, assiettes et pièces décoratives d'Auguste Delaherche, céramiste du XIXe né à Beauvais et connu à travers le monde. A ce jour, le Mudo et le musée d'Orsay se partagent son héritage. L'exposition présente une centaine d'œuvre. « Auguste Delaherche a réussi à recréer le rouge sang boeuf de l'Orient, souligne Sylvain Pinta, responsable de collections au Mudo. Il s'est attaché aux formes, au végétal. » On découvre un plat nénuphar, des fleurs blanches.
On navigue de vitrine en vitrine, dans la chaleur du bois et du rouge. L'exposition rend hommage à la famille de céramistes Gréber, à la porcelaine de Chantilly. Des épis de faîtage brillent comme sorties du four… alors qu'ils ont 900 ans. Ces pièces d'architecture étaient posées sur les toitures pour protéger les charpentes de la pluie et de la foudre.
Berceau du grès
Beauvais et plus largement le Pays de Bray sont le berceau du grès. « Le grès naît par accident, à la fin du XIIIe siècle, à la suite d'une cuisson d'argile à température trop élevée », raconte Jean Cartier, président du Groupe de recherches et d'études de la céramique du Beauvaisis. Le grès des XIVe et XVe siècles s'affinent, les bords des coupelles sont si fins qu'on les surnomme « grès à la coquille d'œuf ». Ces godets verts (tintés au cuivre) ou jaunes (par oxydage de plomb), sont destinés à la noblesse. Le peuple, lui, boit dans des récipients en bois.
Beauvais exporte ses pichets en terre cuite glaçurée (brillante) en Grande-Bretagne. Elisabeth I a demandé un pichet décoré à ses armes, Charles le Téméraire buvait dans des godets de Beauvais du XVIe siècle
« Toutes les poteries étaient conçues avec la même terre de beauvaisie, très pure et blanche, d'une qualité exceptionnelle », pointent les deux experts. Si leur art se vendait aux riches, les potiers vivaient chichement. « Ils s'achetaient un ou deux hectares de champs pour leurs cultures, pas plus », opine Jean Cartier.
De nouvelles formes
Au XIXe, le grès retrouve ses lettres de noblesse grâce à Jules Ziegler, qui introduit le grès salé en France, quand la gabelle ne taxe plus le sel. Une technique qui donne naissance à une couleur marron clair. Ziegler a créé de nouvelles formes, des pots à tabac, des vases décoratifs…
L'exposition rend ainsi hommage aux grands artistes de la céramique, aux techniques, aux usages. Et si au XVIe le Beauvaisis comptait une centaine de potiers, une vingtaine exercent encore leur art aujourd'hui.
Trésors céramiques, jusqu'au 15 mars 2019 au Mudo, Musée de l'Oise, 1, rue du Musée à Beauvais. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11 heures à 18 heures, entrée libre. Tél. 03.44.10.40.50.
