Humour : le cofondateur du Gorafi, Pablo Mira, est un serial vanneur

LE PARISIEN WEEK-END. Sur scène, à la radio et à la télévision, il tire sur tout ce qui bouge et abreuve le public d’absurde et de cynisme.

 Dans «Pablo Mira dit des choses contre de l’argent», le comique de 33 ans campe un éditorialiste réac, immoral et paternaliste.
Dans «Pablo Mira dit des choses contre de l’argent», le comique de 33 ans campe un éditorialiste réac, immoral et paternaliste. LP/Philippe Lavieille

    Ne vous fiez pas à sa tenue de scène, un costume-cravate on ne peut plus classique, Pablo Mira est totalement… cintré! L'humoriste de 33 ans a fait du cynisme et de l'absurde sa griffe, de la bêtise et de l'actualité sa matière première. Dans « Quotidien », l'émission de Yann Barthès sur TMC, il compile chaque jeudi les excès des « haters », ces internautes qui déversent leur colère sur les réseaux sociaux.

    Le reste du temps, il joue la carte de la provoc et enchaîne les préjugés pour mieux les dénoncer. Sur France Inter, où il intervient chaque semaine depuis 2016 en fin d'après-midi (« Si tu écoutes, j'annule tout » devenu « Par Jupiter ! »), comme dans son premier spectacle « Pablo Mira dit des choses contre de l'argent », il campe un éditorialiste réac, immoral et paternaliste, aux idées révoltantes (« Ce n'est pas aux hommes de réprimer leurs pulsions, c'est aux femmes de courir plus vite ») et aux théories douteuses (« L'égalité des chances, c'est l'accès à tous à la discrimination »).

    Et quand cet accro au sucre ne convoite pas sa tablette de chocolat, « comme Jean-Marc Morandini son stagiaire de troisième », il tire sur tout ce qui bouge : Nabilla, Gad Elmaleh, Gérard Larcher, ou encore Bill Cosby, qu'il prétend citer (« Une de perdue, dix de redroguées »).

    Toujours directeur général du site

    Formé à l'école des vannes auprès de ses amis d'enfance, l'humoriste originaire des Hauts-de-Seine est passé maître dans l'art du détournement. Cet ancien journaliste radio et télé est l'un des deux fondateurs du Gorafi, célèbre site d'informations parodiques, lancé en 2012.

    Après avoir écrit plus de 600 pastiches d'articles aux titres délirants (« Trop souriant dans le métro, il finit en garde à vue »), Pablo Mira a raccroché la plume au Gorafi, faute de temps, mais garde sa casquette de directeur général. « Le site fonctionne comme un journal classique, avec des conférences de rédaction et une dizaine d'auteurs », nous confie l'humoriste, qui reste discret sur la question.

    Se raser la tête ou casser son iPhone : il ose tout

    Pablo Mira adore brouiller les pistes et encore plus surprendre. Capable de se raser la tête en direct, devant le moine bouddhiste Matthieu Ricard drapé dans son habit safran, et de fracasser son iPhone avec un marteau pendant une chronique radio, ce mordu de flamenco ne recule devant aucun sacrifice lorsqu'il s'agit de faire rire.

    Au théâtre, il accueille lui-même ses spectateurs et n'hésite pas à casser les codes du seul-en-scène en faisant intervenir deux comédiens, lors d'interludes complètement barrés et en décryptant, rétroprojecteur à l'appui, les petites annonces de marabouts. On vous aura prévenus.

    «Pablo Mira dit des choses contre de l'argent», les vendredis et samedis jusqu'au 20 juillet au Théâtre de l'Œuvre, Paris (9e). Les 10, 17 et 24 juillet à Avignon (Vaucluse) ; le 18 octobre à Caluire-et-Cuire (Rhône)…