On a testé le coiffeur gratuit dans un « salon-école » à Paris

LP  Notre journaliste a laissé Amanda, une professionnelle de Dijon, s’occuper de ses cheveux sous l’œil expert de Bertrand, son formateur.
LP Notre journaliste a laissé Amanda, une professionnelle de Dijon, s’occuper de ses cheveux sous l’œil expert de Bertrand, son formateur.

    Confier sa tête à un inconnu, même si ce n'est que pour une coupe de cheveux, c'est plutôt angoissant. Et s'il me rate ? Je balaie cette possibilité d'un revers de main et compose le numéro de Franck de Roche académie*, qui propose des coupes gratuites, dans son « salon-école » parisien. On a le goût du risque ou on ne l'a pas.

    « Vous avez quelle longueur ? », me demande la personne au bout du fil. « C'est pour faire quoi ? Avec une frange ? » En deux minutes, le rendez-vous est pris. La condition : être prête à couper au moins 5 cm et avoir « envie de changer ». « 80 % des coiffeurs ici sont déjà professionnels, souligne Christophe Adric, l'un des formateurs. Ils ont parfois 20 ans de métier et viennent pour apprendre de nouvelles techniques. » Pas question de se contenter d'égaliser les pointes : va pour un carré plongeant court. Je me dis qu'au pire, il y a de très jolis bonnets.

    Depuis le bac à shampoing, j'observe les lieux. Carrelage au sol, miroirs aux murs, fauteuils à roulettes réglables en hauteur, le salon d'application a tout d'un vrai. Ciseaux, peignes, pinces, brosses, sèche-cheveux… tout est là.

    Un seul détail m'inquiète : la fiche méthodologique posée bien en évidence sur la tablette, juste devant moi. Dessus, quelqu'un s'est appliqué à détailler, à la main, chaque étape de la coupe que j'ai demandée. Amanda, ma coiffeuse venue de Dijon (Côte-d'Or), se veut rassurante et répète qu'elle ne coupera rien sans l'approbation de Bertrand, son formateur. Lequel examine mon crâne sous toutes les coutures avant de valider : « Ta préparation est bonne, tu peux y aller ».

    Sa voisine, en revanche, a l'air d'avoir plus de peine. « Tu fais trop de gestes, lui reproche-t-il. Tes doigts doivent être parallèles à la forme du crâne. » Bien sûr, les « élèves » sont là pour apprendre, mais je me réjouis intérieurement de ne pas être entre ses mains.

    Les premières mèches tombent. Bertrand n'intervient qu'une seule fois, en fin de coupe, pour accentuer le « plongeant ». Et couic ! Coup de ciseaux. Je n'ai pas le temps de retenir mon souffle que la mèche est par terre. Je tente un regard timide vers l'endroit du crime… Le résultat est génial. Ouf !

    Mon manteau sur le dos, je cherche Amanda des yeux pour la remercier. Concentrée sur le cuir chevelu d'un nouveau modèle, elle semble m'avoir déjà oubliée.

    Les adieux sont un peu abrupts mais le contrat est rempli : ma nouvelle coupe ne m'a pas coûté un centime. Et elle me plaît !

    * Franck de Roche académie, 29, rue Amelot (XIe). Du lundi au jeudi, sur réservation au 01.43.46.05.00.