Paris : la Fondation Louis Vuitton accueille 200 oeuvres du Moma de New York

De l'expressionnisme abstrait au pop-art en passant par la photo, la Fondation invite à un voyage sur plus d'un siècle à travers les chefs-d'oeuvre du célèbre musée new-yorkais.

Lichtenstein, Hopper... Les grands noms de l'art moderne, mais aussi de l'art contemporain, se bousculent à la Fondation Louis-Vuitton.
Lichtenstein, Hopper... Les grands noms de l'art moderne, mais aussi de l'art contemporain, se bousculent à la Fondation Louis-Vuitton. John Wronn/©Estate of Roy Lichtentstein New York/Adagp|The Museum of Modern Art, New York/Thomas Griesel

    Vous venez pour Cézanne et Picasso et vous vous prenez l'actualité et l'histoire récente en pleine tête. Au musée, le 11 Septembre, les Twin Towers. On ne s'attendait pas à dire ça mais « September », de Gerhard Richter, est l'un des plus beaux tableaux parmi les 200 pièces de la fin du XIX e siècle à aujourd'hui présentées dans l'exposition « Etre moderne : le Moma à Paris ». Une huile sur toile figurative, volontairement un peu floue, qui fait du bien. L'art soigne. La grande peinture d'histoire, ça existe encore. L'artiste allemand, l'un des plus cotés au monde, l'a réalisée en 2005 et offerte au musée en 2008.



    Video. On vous fait découvrir l'expo !

    Le Moma à la Fondation Louis Vuitton, découvrez en avant-première l'exposition. À découvrir dès demain jusqu'au 5 mars !

    Gepostet von Le Parisien am Dienstag, 10. Oktober 2017

    Le musée d'Art moderne de New York, c'est aussi ça. Un art hyper-réactif à son environnement d'aujourd'hui, d'hier soir, de l'année dernière. Pas seulement Klimt, Matisse, Signac, Dali, Edward Hopper, Frida Kahlo et les grands peintres du début du XX e siècle, présents ici à travers quelques icônes, ni même les grandes générations d'artistes américains des années 1950-1960 que l'on découvre dans les premières salles de la Fondation Louis Vuitton : l'expressionnisme abstrait avec Pollock, Rothko ou De Kooning — certaines des toiles les plus célèbres du Moma — et le pop art avec Andy Warhol et Roy Lichtenstein.

    Graphisme soviétique et mur d'émojis

    Au fond, ce musée ne veut pas être muséifié. Le Moma se bagarre pour rester vivant, discuté même. Dès la première salle, il exhume un très vieux film muet des débuts du cinéma, le premier uniquement avec des acteurs afro-américains. Une sorte de petite comédie, sauf que le Noir n'y joue pas le serviteur ou le cireur de chaussures comme dans les autres films muets de l'époque. Ces bobines dormaient dans les réserves du musée et ont été retrouvées il y a quelques années. Le vent de l'histoire souffle aussi avec ces affiches très graphiques des débuts de l'Union soviétique. Trump aime-t-il le Moma ? Pas sûr. Même si le musée n'a rien contre l'impatience des réseaux sociaux : il veut faire l'histoire de l'art la plus récente possible et expose un mur des premiers émojis — ces petits smileys de nos portables et tablettes — créés en 1998-1999 par Shigekata Kurita. On peut s'essayer à des jeux vidéo vintage. On découvre Kerry James Marshall, 61 ans, l'un des grands peintres américains actuels, noir, qui peint la culture afro-américaine sans les clichés.

    Et voici Cindy Sherman, 63 ans, l'une des plus grandes photographes en activité, à travers une salle saisissante qui lui est consacrée : des dizaines d'autoportraits où elle se grime dans tous les déguisements possibles de la femme américaine à travers ses prototypes hollywoodiens, excès et malices, drame et comédie, tragédie, sexy, ironie. La photo est aussi présente que la peinture dans cette exposition qui déjoue ce que l'on en attendait. Après Chtchoukine et les trésors des musées russes en 2016, les splendeurs du plus fameux musée américain en 2017. Ce n'est pas exactement cela, et pas seulement parce que « les Demoiselles d'Avignon », et bien d'autres chefs-d'oeuvre du Moma — qui possède plus de 100 000 pièces —, n'ont pas fait le déplacement à Paris. Déçu ? Non, pas du tout. Chtchoukine, c'était l'âge d'or de la peinture sur une très courte période. Il n'y a plus d'âge d'or, mais le Moma s'est retroussé les manches pour comprendre son époque, la nôtre, et remettre l'art en perspective et en majesté dans un flux d'émotions, de révolutions, de vibrations. Ce n'est pas rien.

    « Etre Moderne : le Moma à Paris », à partir de demain et jusqu'au 5 mars 2018, 11 heures-20 heures, 21 heures le vendredi, 9 heures-21 heures le week-end, fermé le mardi, tarifs 10-16 €, www.fondationlouisvuitton.fr.

    Glenn D. Lowry,