Patrimoine à Paris : c’est la tour Eiffel du Moyen Age

La tour Jean Sans Peur était au Moyen Age le plus haut bâtiment d’habitation de la capitale. Entièrement intact, l’édifice du XVe siècle abrite aujourd’hui un musée de la vie quotidienne durant la période médiévale.

 La tour Jean Sans Peur.
La tour Jean Sans Peur. LP/OLIVIER LEJEUNE

    Chaque semaine, Le Parisien vous fait découvrir un site patrimonial d'Ile-de-France particulièrement riche en histoire. Aujourd'hui : la tour Jean Sans Peur.

    Aujourd'hui, dans ce quartier particulièrement fréquenté de Paris, les marcheurs du quartier des Halles ne songent pas à lever la tête lorsqu'ils passent devant le 20 de la rue Etienne-Marcel (IIe). Et pourtant, s'ils avaient vécu au temps des Visiteurs, ils n'auraient pas pu rater ce fier donjon carré en pierre haut de 27 m, l'équivalent de 8 étages. Il est aujourd'hui le dernier témoignage médiéval d'architecture civile et fortifiée de la capitale.

    « Au XVe siècle, c'était un peu la tour Eiffel du Moyen Age », s'amuse Agnès Lavoye, responsable des publics et de la communication du monument. Du haut de la tour Jean Sans Peur, on pouvait en effet observer et surveiller toute la capitale et ses environs. La construction est aujourd'hui accolée à une école élémentaire.

    LP / OLIVIER LEJEUNE
    LP / OLIVIER LEJEUNE LP/OLIVIER LEJEUNE

    Depuis 1999, 20 000 visiteurs apprennent chaque année l'importance historique et les secrets de l'édifice. Ce dernier a été bâti en 1420 par Jean Sans Peur, alias Jean Ier de Bourgogne. La tour était plantée au milieu du magnifique hôtel des Ducs de Bourgogne, en place depuis la fin du XIIIe siècle. Le gigantesque palais, dont l'emprise s'étendait de Montorgueil à la rue Saint-Denis, tomba en déshérence après le XVIIe siècle. Seul le donjon demeura. Intact.

    « C'est là que le duc s'installait lors de ses déplacements parisiens et dirigeait le royaume », explique Agnès Lavoye. Car lorsque le roi Charles VI, atteint d'une maladie mentale, était dans l'incapacité de régner, c'est son cousin assoiffé de pouvoir, fils du prince Louis d'Orléans, qui prenait le relais. Jean Sans Peur alla même jusqu'à faire assassiner son oncle et rival en 1407, afin de disposer des finances royales pour développer sa principauté, l'Etat bourguignon. Mais le vent tourna. Après avoir joué de troubles rôles diplomatiques, le maître des lieux fut finalement à son tour tué le 10 septembre 1419.

    On visite la tour étage après étage. La grande salle, la chambre de l'écuyer, celle de Jean Sans Peur… Pièces et parties communes sont dotées de meubles fabriqués ces vingt dernières années à l'identique par de talentueux artisans d'art. Le musée a aussi parsemé le parcours de mannequins en costumes du XVe siècle, eux aussi recréés par des professionnels. On trouve notamment une houppelande (un grand manteau) richement ornée, un pourpoint (une sorte de « doudoune » pour militaires), des pantalons, des vestes, des robes de gentes dames ou encore des chapeaux.

    Décoration végétal pour représenter le père et la mère de Jean sans Peur./LP / OLIVIER LEJEUNE
    Décoration végétal pour représenter le père et la mère de Jean sans Peur./LP / OLIVIER LEJEUNE LP/OLIVIER LEJEUNE

    « Dans sa tour, la volonté de montrer sa grandeur obsédait le duc », insiste la guide. Menant à ses confortables appartements, clairs et bien chauffés, où il donnait audience et aux salles des gardes, le riche escalier monumental en témoigne. Son bâtisseur avait choisi pour le réaliser le liais, une pierre locale très haut de gamme.

    Au rez-de-chaussée et dans les caves voûtées, on découvre en outre une exposition temporaire sur le vin et son rôle dans la société moyenâgeuse. Y figurent des illustrations, des objets d'époque, comme les instruments des travaux viticoles. Une exploration passionnante. Tout autant que les précédentes, qui portaient sur l'amour, l'école, l'hygiène, encore de la cuisine au Moyen Age. Une excellente leçon d'histoire.

    20, rue Étienne-Marcel, Paris (IIe). Ouverte du mercredi au dimanche de 13 h 30 à 18 heures. Entrée : 6 €, visite guidée les samedis et dimanches à 15 heures.

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