La télé, ses agences immobilières, le théâtre... Stéphane Plaza casse la baraque

Insatiable, la vedette de la chaîne M6 mène sa barque avec maestria. Dix-huit heures de télé par semaine, 300 agences immobilières, un spectacle par-ci par-là, des défis sportifs… Portrait d’un drôle de touche-à-tout qui se sent partout comme à la maison.

 Stéphane Plaza s’est fait connaître grâce à l’émission « Recherche appartement ou maison » diffusée sur M6.
Stéphane Plaza s’est fait connaître grâce à l’émission « Recherche appartement ou maison » diffusée sur M6. LP/Philippe de Poulpiquet

    Cet homme-là n'est pas du genre à prendre une pause pour déjeuner. Ce lundi, Stéphane Plaza engloutit un sandwich acheté dans une boulangerie du XIe arrondissement de la capitale. Repas rapporté par « sa Mumuuuu », sa maquilleuse qui le conduit en Fiat 500 dans tout Paris et, accessoirement, lui camoufle ses cernes avant un tournage. « Personne ne voudrait du planning de Mumu. Les samedis et les dimanches, cela n'existe pas pour nous, regardez sa tête! » ironise Stéphane Plaza devant sa complice de toujours. Lui ne s'arrête jamais, comme le lapin de la pub pour les piles Duracell. Il a beau fêter ses 50 ans cette année, ce fils d'un ancien coureur pro cycliste dégage toujours une incroyable énergie.

    Recruté par M6 en 2005 alors qu'il travaillait depuis dix-sept ans dans le milieu de l'immobilier, l'homme s'est rapidement imposé comme une des plus iconiques figures de la chaîne. Aux manettes de « Recherche appartement ou maison », « Maison à vendre » et « Chasseurs d'appart », il squatte aujourd'hui « en moyenne dix-huit heures par semaine à l'antenne », selon ses calculs.

    L’animateur de télévision sur le tournage de l’émission « Recherche appartement »./LP/Philippe de Poulpiquet
    L’animateur de télévision sur le tournage de l’émission « Recherche appartement »./LP/Philippe de Poulpiquet LP/Philippe de Poulpiquet

    Ancien comédien amateur, formé au conservatoire de théâtre dans sa jeunesse, il a joué dans deux pièces comiques mises en scène par Arthur Jugnot (« A gauche en sortant de l'ascenseur », en 2014, et « le Fusible » en 2015) et a tenté le cinéma ( « J'ai perdu Albert », 2018). Le tome II de la bande dessinée « Le Bonheur est dans le prêt » (clin d'œil à l'émission de Karine Le Marchand ) vient de se vendre à quelque 10 000 exemplaires.

    Mais la principale activité de cet hyperactif « qui ne prend jamais de café et heureusement », c'est son business : la constitution d'un réseau d'agences, en association avec M6, qui porte son nom. Une réussite : 320 boutiques ont déjà ouvert et 87 autres sont attendues d'ici à la fin de l'année. Son rythme infernal s'est encore accéléré.

    Le dimanche qui précède notre rencontre, l'homme a participé au trophée Andros, une course de voitures sur glace à Bercy. « Le problème, c'est que j'ai pété la voiture. Après la ligne d'arrivée, je suis rentré dans le virage où il y avait les photographes. Ils ont cru que c'était fait exprès, mais non… Je ne fais jamais rien comme les autres. » Ce type de loisirs sportif lui permet « de se vider la tête et de se ressourcer ». « C'est aussi pour cela que je me remets au tennis et que je prépare le marathon de New York en novembre avec ma meilleure amie, Karine Le Marchand. »

    Stéphane Plaza au Trophée Andros le 9 février. /JP PARIENTE/SIPA
    Stéphane Plaza au Trophée Andros le 9 février. /JP PARIENTE/SIPA LP/Philippe de Poulpiquet

    Passé pas loin du burn-out

    Entre deux éclats de rire, Stéphane Plaza se raconte sur un ton un peu plus grave. « Je fais attention au burn-out, je n'en suis pas passé loin. Du coup, je pars en vacances depuis l'année dernière, quelques jours quand je peux, comme à Rome avec mes équipes ou avec Laurent Ruquier. Ma seule condition, c'est d'abandonner le smartphone. Sinon, je réponds notamment aux emails, et c'est fini, je ne me repose pas! »

    Mais pourquoi s'est-il remis les mains dans le cambouis du marché de l'immobilier? « J'aime transmettre, j'aime les jeunes et je n'ai pas d'enfant », lâche cet autodidacte, qui a déjà plus de vingt ans d'immobilier à son actif. Pour le reste de sa vie privée, inutile d'insister. Cet « obsédé du travail », comme il se qualifie lui-même, balaye toute question… « Je suis pudique, même dans mon entourage, il n'y a peut-être que six personnes qui connaissent vraiment mon intimité », esquive-t-il.

    Plus disert sur ses parents, il raconte le Tour de France de son père et le métier de sa mère, fleuriste. « Je suis populaire et j'aime cela. Mon moteur, c'est l'humain, les rencontres avec les gens. C'est pour cela que j'adore l'immobilier. Je suis à 80 % comme on me voit à l'écran. Les autres 20 %, ce sont mes failles… »

    « Mon moteur, c’est l’humain, les rencontres avec les gens. »/LP/Philippe de Poulpiquet
    « Mon moteur, c’est l’humain, les rencontres avec les gens. »/LP/Philippe de Poulpiquet LP/Philippe de Poulpiquet

    Le secret de sa formidable réussite repose sur un marketing parfaitement huilé et respecté. Son nom, son sourire, son style direct, c'est son fond de commerce. Pourtant, il cultive un certain anticonformisme, une forme de sympathique détachement. Calculé ou spontané ? « Pendant dix-sept ans, je jetais même mes feuilles de paye, s'amuse Stéphane Plaza. Je n'ai pas de montre au poignet, j'ai une Austin Mini des années 1980 que j'ai prêtée à un copain photographe qui n'en avait plus il y a des mois. Je ne suis pas motivé par l'argent, même si je reste un bon négociateur en affaires. Je suis un ovni dans ce milieu et c'est peut-être pour cela que cela fonctionne. »

    Pour les suspicieux qui douteraient de sa sincérité, ce drôle d'oiseau possède un argument massue. « Les gens ont du mal à le croire, mais je vis encore dans un appartement parisien de 37 m2 loi Carrez, au sixième étage sans ascenseur ! »

    De grandes ambitions dans l'immobilier

    Entre l'immobilier et la télé, Stéphane Plaza n'a pas choisi. L'animateur enchaîne les heures d'antenne et développe depuis quatre ans un véritable business. Stéphane Plaza Immobilier, son réseau, entend jouer dans la cour des grands, ambitionnant de dépasser les mastodontes Orpi, Century 21 ou Laforêt. Il a déjà ouvert 320 agences immobilières et vise les 500 d'ici à 2020. L'an dernier, la société a généré un chiffre d'affaires de 11,3 millions d'euros (M€) contre 1,9 million en 2015. Quant au bénéfice net, il est passé de 200 000 euros en 2016 à 4,4 M€ en 2018. Jackpot pour la star de M6 qui, selon BFM, aurait ainsi perçu, sur la seule année 2017, près de 240 000 euros de dividendes.

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    En homme d'affaires avisé, il s'est associé aux fondateurs de Laforêt, Bernard de Crémier et Patrick-Michel Khider. Ces derneirs détiendraient 13,2% du capital contre 26,3% pour Stéphane Plaza, qui aurait mis dans la corbeille son nom et son image, valorisée à hauteur de 800 000 euros. « J'ai aussi mis des fonds personnels », précise l'animateur, sans en dire plus. M6 détient 47,3 % du capital avec 3,6 M€ investis.

    La première agence Plaza est nichée dans le XIe arrondissement de Paris. « Ici, c'est le pilote, c'est la seule agence qu'il possède en propre », nous explique Vanessa Jacot, conseillère à l'agence. Des photos de l'animateur accrochent le regard du client. Le produit d'appel, c'est lui.

    Stéphane Plaza dans son agence immobilière du XIe arrondissement./LP / Philippe de Poulpiquet
    Stéphane Plaza dans son agence immobilière du XIe arrondissement./LP / Philippe de Poulpiquet LP/Philippe de Poulpiquet

    Ses concurrents moquent un succès « exclusivement » marketing. « C'est un animateur télé qui a du bagout, persifle l'un d'eux, il n'y connaît rien. » Laurent Vimont, le président de Century 21, commente prudemment l'arrivée du médiatique réseau. « Le marché est extrêmement porteur, on est passé en cinq ans de 700 000 à un million de transactions », analyse-t-il, en relativisant la performance du nouvel entrant.

    « Stéphane n'est absolument pas un porte-drapeau. Toutes les grandes décisions sont prises avec lui », leur répond, agacé, Henri de Fontaines, le numéro trois de M6 Publicité. Son contrat lui impose de consacrer deux jours par mois au réseau. « Parfois, on le voit tout le temps, parfois moins, botte en touche Vanessa. S'il ne fait plus de vente en direct, il apporte des clients. »

    L'intéressé jure qu'il n'arrêtera jamais l'immobilier. Et s'il devait quitter l'entreprise ? « Je me suis engagé à leur laisser mon nom », élude-t-il. Sans préciser à quel prix.

    Un mariage d'amour avec M6

    Ils ont eu le nez creux chez Réservoir Prod, la maison de production créée par Jean-Luc Delarue. En 2005, le casting pour leur nouvelle émission « Maison à vendre » était déjà bouclé… mais ils ont douté et sont repartis à la pêche d'« une personnalité » moderne pour incarner le programme. C'est Pascale Albertini, la productrice de l'émission qui décroche le jackpot… au Salon de l'immobilier de la porte de Champerret (Paris XVIIe).

    « Seul agent immobilier à être en baskets et à organiser des apéros avec du saucisson sur son stand, Stéphane Plaza détonnait au milieu de tous ces agents en costume et en chaussures en cuir noir. C'est là que M6 a trouvé sa pépite ! raconte Henri de Fontaines, directeur général adjoint chargé des stratégies globales chez M6 Publicité. Très vite, il deviendra ambassadeur de marques qui, comme Mr Bricolage, sponsorisent ses émissions. »

    Même si ses émissions ont plus de dix ans, 2,5 millions de personnes en moyenne se délectent toujours devant ses programmes, et notamment les précieuses ménagères (20 % d'entre elles regardent ses émissions depuis le début de l'année).

    Abandonnera-t-il un jour le petit écran ? « Je suis capable d'arrêter du jour au lendemain. Je ne suis pas un drogué de la télé, assure-t-il en tapant du poing sur la table. Je ne suis qu'un produit de consommation qui fonctionne bien, mais, qui sait… un jour, je serai peut-être fatigué. » On en doute.