Notre palmarès de Séries Mania

Parmi les huit séries en lice dans la compétition française et les dix de la sélection officielle internationale, voici nos coups de cœur.

 Anne Charrier dans « Maman a tort », et les héroïnes de «The Split».
Anne Charrier dans « Maman a tort », et les héroïnes de «The Split». France TV; Prod

    Le festival Séries Mania s'achève à Lille ce samedi soir. Avant la cérémonie de clôture et les récompenses des différents jurys, nos reporters livrent leur propre palmarès. Carine Didier a fait son choix parmi les huit séries de la compétition française (en ajoutant même un prix spécial), et Stéphanie Guerrin parmi la compétition officielle de dix séries internationales.

    Programmes français

    Prix de la meilleure série : « Kepler (s) ». Encore un polar qui démarre avec la disparition d'une lycéenne… Bonne surprise pourtant, « Kepler (s) » se distingue à son héros, un flic victime de troubles de la personnalité. Pour éloigner ses démons intérieurs, Samuel Kepler est muté à Calais avec interdiction d'aller sur le terrain… Qu'il brave quand le corps d'une lycéenne est retrouvé près de l'ancienne « jungle ». Un policier sur un fil (Marc Lavoine) en duo avec une jeune coéquipière pragmatique (Sofia Essaïdi), le souffle de la réalisation signée Frédéric Schoendoerffer, et l'intrigue bien ficelée en pleine problématique des migrants… La série prévue sur France 2 est aussi habile que glaçante.

    Prix d'interprétation féminine : Anne Charrier. Elle était déjà bluffante en maman capable de soulever des montagnes dans le téléfilm « Prêtes à tout ». Anne Charrier pousse sa palette de jeu dans la série « Maman a tort » (France 2), où elle enfile le Perfecto d'une flic du Havre amenée à enquêter sur un casse et sur un enfant qui assure que sa mère n'est pas sa vraie mère. A travers cette femme parfois dure avec ses hommes, solitaire, en manque d'amour, la comédienne créée une partition tout en finesse où les émotions jouent les montagnes russes.

    Prix d'interprétation masculine : Grégoire Colin. Il faut un certain art pour demeurer dans la retenue sur plusieurs épisodes et scotcher le téléspectateur. C'est la performance réussie de Grégoire Colin, alias Vincent le héros de la mini-série « Thanksgiving » (Arte), qui décortique la crise d'un couple parasitée par des affaires d'espionnage. Le comédien excelle dans les non-dits, les soupçons et le double jeu.

    Prix spécial de la rédaction : « Nu ». Il fallait oser imaginer une société régie en 2026 par une « loi transparence » où chacun doit être nu pour ne plus rien avoir à cacher ! Revenu à la vie après 8 ans de coma, Franck n'en croit pas ses yeux. Comment accepter cette règle et s'adapter à ce monde où il n'y a plus de secrets, mais où les tensions sont ravivées par un meurtre ? Autant de questions posées par « Nu », série d'anticipation diffusée sur OCS le 7 juin prochain, qui brille par son originalité et la prestation de ses comédiens au poil.

    Programmes internationaux

    Grand prix : «The Split». Cette série britannique au casting très féminin met en scène des avocates d'une même famille, toutes spécialisées dans le droit de la famille, et donc dans les divorces. Le père, qui les a abandonnées il y a trente ans, revient soudainement dans leurs vies. Réflexion subtile sur la famille, l'amour et le mariage, «The Split » nous a impressionné autant dans l'écriture que dans son interprétation. Où l'on retrouve l'excellente Nicola Walker («River », «Unforgotten» ) et le mythique Giles de «Buffy contre les vampires », Anthony Head. Pas encore de diffusion prévue en France.

    Prix spécial du jury : «On the Spectrum ». Les tribulations de trois colocataires autistes, voilà le point de départ de la comédie israélienne «On the Spectrum ». Sans tomber dans les clichés ou le potache facile, cette série réalise un véritable tour de force en prenant son sujet au sérieux. L'intrigue est aussi douce qu'amère avec des personnages extrêmement attachants et une réalisation sans chichis. Une véritable plongée dans un monde où les obsessions de chacun exacerbent les incompréhensions et où le malaise côtoie sans cesse la bienveillance. Pas encore de diffusion prévue en France.

    Prix d'interprétation féminine : Garance Marillier. Révélée au cinéma dans «Grave » en 2017, l'actrice française Garance Marillier impressionne de nouveau dans la série de Thomas Cailley, «Ad Vitam», qui sera prochainement diffusée sur la chaîne franco-allemande Arte. Dans un monde où les humains peuvent se régénérer pour échapper à la mort, la comédienne de 20 ans incarne Christa, jeune rebelle suicidaire, qui aide Darius, un flic de 119 ans interprété par Yvan Attal, dans une enquête sur sept jeunes qui se sont donné la mort. Aussi expressive que son personnage est avare en paroles, Garance Marillier parvient à transmettre le trouble et la perte de repères de toute une génération.

    Prix d'interprétation masculine : Assi Cohen. Ils sont décidément très forts, ces Israéliens. Dans «Autonomies », Assi Cohen, 43 ans, joue Broide, un croque-mort qui trafique des biens interdits, cachés dans les cercueils qu'il transporte, dans un Israël coupée en deux. En 2019, Jérusalem est devenue une entité religieuse autonome régie par les juifs orthodoxes. Un mur sépare la ville du reste de l'état séculaire. Grâce à son activité professionnelle, Broide passe sans cesse d'un côté à l'autre et en profite pour se réinventer, lui le père de famille au caractère facétieux trop grand pour rester cloîtré du côté religieux. Mais dans les yeux de l'acteur, toute la souffrance des conflits passés resurgit quand les tensions se ravivent de plus belle. Pas encore de diffusion prévue en France.