Patricia Loison revient sur Franceinfo : «On aura les moyens de faire de grands reportages»

Patricia Loison revient trois ans après son départ du «Soir 3» pour des raisons familiales. La journaliste présentera le grand journal du soir sur la chaîne Franceinfo.

 Pendant ces trois ans passés au Japon, la journaliste a écrit un livre sur son adoption.
Pendant ces trois ans passés au Japon, la journaliste a écrit un livre sur son adoption. Cathinka Hauger

    On va la retrouver exactement là où on l'a laissée. Le 26 août, à 23 heures, Patricia Loison va faire son retour sur France Télévisions. L'ancienne animatrice de « Faut pas rêver » et de « Pièces à conviction » va présenter le grand journal du soir de la chaîne Franceinfo, qui remplace le « Soir 3 » qu'elle a présenté jusqu'en 2016. Cette année-là, elle avait choisi de mettre sa carrière entre parenthèses pour suivre son mari muté à Kobe au Japon. À peine sa famille réinstallée à Paris, la journaliste prépare son retour.

    Ce retour après trois années sabbatiques était prévu ?

    PATRICIA LOISON. Non, j'ai décidément une bonne étoile ! Avec la direction de France Télévisions, on s'est quittés en excellents termes. À la fin de ma formidable aventure japonaise, on a discuté de la façon dont je pouvais retomber sur mes pattes. J'ai conscience d'avoir beaucoup de chance car la télévision est un milieu très compétitif.

    Vous avez dû vous battre ?

    Je ne me suis jamais battue pour faire de l'antenne. C'est arrivé par hasard car j'ai débuté à LCI et à iTélé, où on nous demandait de savoir tout faire. Je dois mon arrivée sur France 3 à Georges Pernoud (présentateur emblématique de « Thalassa »). Il avait dû se montrer très persuasif pour m'imposer à la tête de « Faut pas rêver » alors que je n'avais pas le physique cliché de l'aventurière qu'on a envie de voir crapahuter en mini-short!

    Ironie du sort, vous allez incarner le journal qui va remplacer le « Soir 3 », dont la rédaction déplore la suppression.

    Je sais que c'est douloureux pour les équipes du « Soir 3 » de voir ce journal emblématique s'arrêter. Moi aussi, je suis attristée. Mais je comprends la logique et j'assume de l'incarner. Personne ne réagissait quand le « Soir 3 » était programmé à 23h45 passés.

    Ce contexte ne vous a pas fait hésiter ?

    Non, car je suis fière de devoir essayer d'éclairer les sujets qui nous concernent tous de façon posée. Franceinfo est une belle aventure, à laquelle je crois depuis le début. J'ai toujours pensé que c'était indispensable d'avoir le contrepoint du service public sur le terrain de l'info continue. Encore plus après les Gilets jaunes et les réflexions sur la couverture des attentats de 2015.

    Vous aurez les moyens de faire la différence face aux autres chaînes d'info ?

    J'ai eu un engagement absolu de la direction pour que ce journal soit ambitieux. On aura les moyens de faire entre 30 et 45 minutes de reportage et de décryptage chaque jour, comme on le faisait à « Soir 3 ». D'ailleurs je vais travailler avec une grande partie de mes anciennes équipes. J'espère que les téléspectateurs apprécieront notre différence à cette heure si concurrentielle.

    Vous êtes partie au Japon pour des raisons familiales. Pendant cette parenthèse de trois ans, le journalisme vous a manqué ?

    Non, j'ai appris plein de choses de cette immersion totale. Je n'étais pas blasée de découvrir ce pays, cette culture et cette langue que je parle désormais comme une enfant de 3 ans, juste assez pour demander mon chemin ou commander dans un restaurant.

    Quand on prend du champ, ce n'est pas vertigineux de retrouver le rythme effréné d'une chaîne info ?

    Si… Mais ce journal est justement là pour prendre du recul face à l'actualité. On ne repassera pas pour la dixième fois les images des incendies dans le Gard, même si c'est dramatique. L'écologie, la politique internationale ou l'économie ont un impact sur nos vies, même si ce ne sont pas les sujets les plus vendeurs. On ne s'interdira pas de faire un reportage de huit minutes sur l'exploitation du gaz du schiste au Canada. Avoir pris du champ pendant trois ans m'a aussi fait prendre conscience que les sujets majeurs sont les mêmes partout…

    Cette pause, c'était une bonne chose ? Vous la conseillez à ceux qui pourraient en faire autant ?

    Ce métier est addictif mais passionnant. Mais ce serait faux cul de ne pas reconnaître que j'ai été très heureuse pendant ces trois années. J'ai écrit un livre sur mon adoption qui m'a fait un bien fou, ainsi qu'à ma famille. Une vraie thérapie personnelle.