Un hymne à la couleur
Rouges flamboyants, bleus océaniques, jaunes explosifs, verts profondsâ?¦ Descendre au sous-sol du musée Marmottan Monet, où sont réunis les cinquante tableaux de l'exposition « Fauves et expressionnistes », c'est l'assurance d'oublier la grisaille de l'automne pour s'enivrer de couleurs étourdissantes. « On est saisi devant ce traitement violemment exacerbé de la couleur », s'enthousiasme un étudiant en art d'Aix-en-Provence.
Prêtées par le musée Von Der Heyt de Wuppertal (Allemagne), ces oeuvres remarquables associent le courant expressionniste allemand et autrichien du début du XX e siècle au fauvisme français, né un peu plus tôt. Des artistes qui, par-delà leurs différences d'inspiration, brisèrent les codes de la peinture et les carcans pour « exprimer la vie, l'enthousiasme et l'extase », selon le directeur du musée allemand, Gerhard Finckh.
De Braque à Otto Dix, de Kirschner à Kandinsky, de Munch à Dufy, l'exposition témoigne d'une large palette de thèmes et de styles. Paysage campagnard tourmenté avec les « Trois Maisons », de Vlaminck, ou bucolique dans « le Pont », de Nolde (1914), et son zeste d'abstraction. Marines tranquilles, comme ce « Port du Havre » (1906), de Dufy à la similitude étonnante avec « le port d'Anvers » (1906), de Braque. Nu naturaliste, avec les « Quatre Baigneuses » (1910) à la silhouette légère de Kirschner. Imposant portrait de « Femme au potiron » (1915-1916) de Robert Delaunay, dont les oranges vous explosent à la figureâ?¦
Vive la peinture en tube
On devine chez Beckman l'amorce du cubisme, chez Otto Dix, les prémices du surréalisme. « Leur peinture révèle une rupture totale avec le XIX e siècle. On sent chez eux une incroyable liberté picturale », analyse une jeune femme en admirant un « Nu de jeune fille » (1906) à la chevelure bleue signé Van Dongen.
Les fauves et les expressionnistes n'avaient pas seulement du talent dans les doigts. Ils bénéficiaient d'une invention toute récente : la peinture en tube, plus facile à appliquer que les vieux pigments.
« On sent qu'ils s'en sont donné à coeur joie, savoure une visiteuse. C'est un festival de matières et de couleurs. »
« Fauves et expressionnistes, de Van Dongen à Otto Dix », jusqu'au 20 février 2010 au Musée Marmottan Monet, Paris XVI e . Entrée : 9 â?¬. Renseignements sur www.marmottan.com.
