Plombé par la crise, Air France va supprimer plus de 7500 postes d’ici fin 2022

La compagnie aérienne a elle aussi subi de plein fouet la crise du Covid-19. Les syndicats ont fait savoir ce mardi que le groupe allait supprimer 7500 postes. De nombreux départs en retraite ne seront pas remplacés.

 Le plan doit être présenté officiellement aux organisations syndicales lors de comités sociaux et économiques (CSE) prévus vendredi.
Le plan doit être présenté officiellement aux organisations syndicales lors de comités sociaux et économiques (CSE) prévus vendredi. LP/Arnaud Journois

    Ce sont finalement 7 500 postes, calculés en équivalent temps plein (ETP), qui seront supprimés dans le groupe Air France d'ici 2022. Les documents envoyés lundi par la direction aux organisations syndicales représentatives ont été en partie dévoilés par l'AFP ce mardi. Contactée, Air France n'a pas souhaité faire de commentaires avant vendredi, date à laquelle doivent se tenir les deux comités sociaux et économiques (CSE).

    Les derniers chiffres évoqués il y a quelques semaines par plusieurs médias tablaient sur 8 000 à 10 000 emplois supprimés : « Ce n'est pas la première fois qu'une entreprise fait fuiter un nombre plus important pour rendre l'annonce plus douce, tacle un responsable syndical. Même si nous sommes loin des 22 000 postes supprimés chez Lufthansa ou des plus de 10 000 chez British Airways et Delta Air Lines, on parle quand même de milliers d'emplois en moins ».

    «Septième plan de départ volontaire en onze ans»

    Dans le détail, chez Air France, ce sont 6 650 emplois qui vont disparaître sur les 41 000, dont 3 500 par le non-remplacement des départs naturels, principalement les départs à la retraite. « Notre pyramide des âges est assez élevée, indiquait Anne Rigail, directrice générale d'Air France, dans une interview accordée récemment à notre journal. Cela nous permet d'avoir accès à des dispositifs de départs anticipés ». Les 3 000 autres se feront par un plan de départ volontaire (PDV). « Le septième en onze ans, s'agace un autre syndicaliste. Soit un total de 15 000 emplois supprimés chez Air France en une décennie ».

    Les pilotes, qui viennent de signer une rupture conventionnelle collective (RCC), perdront 403 emplois, composés principalement des équipages des neuf avions A 380 que la compagnie vient de retirer de sa flotte. Chez les hôtesses et les stewards, avec lesquels aucune RCC n'a encore été signée, le nombre va avoisiner les 1 500 suppressions de postes. Les 4 500 restants concerneront les personnels au sol.

    1000 emplois en moins chez Hop !

    Interrogée sur ces chiffres, la CFDT Air France n'a pas souhaité les confirmer ou les démentir : « Nous allons demander à la direction d'utiliser le nouveau dispositif d'activité partielle longue durée qui doit entrer en vigueur, confie Christophe Dewatine, son secrétaire général. Cela permettrait de détendre le calendrier de mise en place de ce plan et d'éviter des départs trop rapides ». En effet, les spécialistes tablent sur une reprise du trafic aérien, plombé par l'épidémie de Covid-19, à partir de 2024. « Il y a encore beaucoup d'incertitude sur cette date, estime Christophe Dewatine. Ce dispositif, clairement utilisable par Air France, permettrait de se donner du temps ».

    Quant à Hop !, ce sont 1 000 postes qui vont être supprimés sur les 2 400 équivalents temps plein. Selon l'AFP, les sites les plus touchés devraient ceux en charge de la maintenance installés à Morlaix (Finistère) et à Lille (Nord). Ainsi que sa base de personnel navigant installée elle à Toulouse (Haute-Garonne).

    Ce plan de suppression d'emplois intervient alors que l'Etat français, actionnaire d'Air France-KLM (14,3 % des parts), a apporté à la compagnie un soutien financier de 7 milliards d'euros. Dont 4 milliards sous forme de prêts bancaires garantis et 3 milliards de prêt direct. En échange, le gouvernement lui a demandé d'améliorer sa rentabilité et son impact environnemental.