Brexit : «J’ai très peur pour nos PME et TPE»

Selon Robert Launey, vice-président de Crystal Group, spécialisé dans le fret aérien, maritime et routier, le Brexit pourrait coûter très cher aux petites et moyennes entreprises.

 Le Brexit est synonyme de beaucoup d’incertitudes pour les entreprises.
Le Brexit est synonyme de beaucoup d’incertitudes pour les entreprises. AFP/Ben Stansall

    Crystal Group est un acteur important dans le fret aérien, maritime et routier, notamment entre la France et le Royaume-Uni. Si son vice-président, Robert Launey, a confiance dans la capacité des grands groupes français à faire face aux conséquences du Brexit, il se dit « très inquiet » pour les petites et très petites entreprises.

    Nos entreprises françaises sont-elles bien préparées au Brexit ?

    ROBERT LAUNEY. Tout dépend de leur taille. Crystal Group est ce qu'on appelle un commissionnaire de transport et de douane. Nous jouons les intermédiaires entre les entreprises qui souhaitent importer ou exporter, et les sociétés de transport, terre, air et mer. Nous coordonnons ainsi toute la logistique pour le compte de clients. En prenant également en charge les formalités administratives de douanes. Ce qui nous donne un poste d'observation plutôt privilégié. Et là, j'avoue que j'ai très peur pour nos PME et TPE. Qui ne serait pas inquiet aujourd'hui ? Les grands groupes survivront. Même si certains traverseront quelques turbulences. Mais ce sont surtout les petites sociétés, plus fragiles, qui vont connaître de sérieuses difficultés.

    Quels sont les risques pour les PME ?

    Le Brexit pourrait leur coûter très cher. D'abord en termes d'échanges commerciaux car elles sont dans une totale incertitude. Ça va en tout cas considérablement compliquer les processus. Le danger est également administratif. Depuis 1993, date de l'abolition des frontières au sein de l'Europe, acheter ou vendre en Grande-Bretagne ou en France, c'était pareil. Après le 29 mars, ces mêmes PME devront systématiquement faire des déclarations de chiffre d'affaires sur leurs échanges auprès des douanes. Cela va demander des moyens supplémentaires. Soit en interne, soit en prenant un mandataire. Mais l'un ou l'autre, cela entraînera des frais non négligeables. Au point que bon nombre de ces petites entreprises viennent nous demander conseil. Et pas seulement celles qui sont déjà nos clients.

    Et que leur dites-vous ?

    Qu'elles doivent identifier clairement les flux, physiques, de documents et financiers, qu'elles ont avec le Royaume-Uni. Jusqu'à présent, ces flux étaient noyés avec les autres échanges au sein de l'Union européenne. Elles pourraient donc avoir des surprises. Sur des pièces détachées par exemple. Elles doivent également ne surtout pas attendre le dernier moment pour s'enregistrer auprès de la douane française. Cela se fait via leur site Soprano, afin d'obtenir un numéro international d'entreprise qui permet d'exporter et d'importer hors de l'Union européenne. Plus les PME anticiperont, plus elles auront de chance de s'adapter à ce changement radical qui se prépare.