Recycler des bouteilles en plastique pour gagner des places de ciné

La jeune entreprise Yoyo récompense des commerçants, des gardiens d'immeuble et des habitants d'un même quartier qui utilisent ses sacs dédiés au recyclage des bouteilles plastiques.

La « trieuse », Karen Vucher (à gauche), et la « coach », Blandine Dufour, gagnent des points en fonction du poids du sac de bouteilles en plastique.
La « trieuse », Karen Vucher (à gauche), et la « coach », Blandine Dufour, gagnent des points en fonction du poids du sac de bouteilles en plastique. LP/NICOLAS FORAY

    Deux billets pour assister à un match de Ligue 1 de football, une place de cinéma ou de piscine, des bons de réduction de 20 % chez Yves Rocher... « Tendre la carotte plutôt que sortir le bâton », telle est la stratégie d'Eric Brac de la Perrière, le fondateur de Yoyo.

    En un an, sa jeune entreprise a fédéré une communauté de 5 000 citadins déterminés à bien trier. « Quand l'habitat est très dense, le tri des déchets se fait au deuxième sous-sol dans des zones qui sentent mauvais et les habitants, à tort, doutent du résultat, parce qu'il n'y a pas de traçabilité », constate l'ancien dirigeant d'Eco-Emballages.

    Pour stimuler les habitants des villes, où le taux de recyclage de bouteilles en plastique est de 10 % pour une moyenne nationale de 60 %, le gouvernement envisage un retour de la consigne. Un système mis en place par Yoyo : recruté puis formé par un « city manager », un gardien d'immeuble, un commerçant ou un habitant « qui a du temps » indique sur la plate-forme www.yoyofrance.com ses disponibilités pour réceptionner les déchets de ses voisins.

    Une récompense en fonction du poids

    Au moment de l'échange en main propre, le « coach » et le « trieur » glanent des points, selon le poids du sac Yoyo, numéroté, donc traçable. Des camionnettes de La Poste ou de Veolia, qui détient 20 % du capital de Yoyo, transportent ensuite la matière à recycler vers des centres spécialisés. « La bouteille redevient une bouteille, en circuit court », précise Eric Brac de la Perrière, assurant que sa prestation « complète le système existant ». Le taux d'erreur de tri chez Yoyo serait quasi nul alors que dans certaines communes, il attendrait jusqu'à 35 %. Or, ces déchets « retoqués », donc enfouis ou incinérés, coûteraient 50 M€ par an aux collectivités locales, poursuit l'entrepreneur de 57 ans, avant de rappeler : « Si la ville collecte plus de tonnes, elle touchera plus de subventions et réduira ses coûts. »

    L'entreprise de 7 salariés, payée par les collectivités selon le nombre de tonnes récoltées, pense devenir rentable d'ici un an et demi : « Nos prévisions en termes de collectes de sacs et de mobilisation de la communauté sont atteintes », se félicite son patron.

    Présent à Lyon (Rhône) et Bordeaux (Gironde), Yoyo doit débarquer à Marseille (Bouches-du-Rhône) en mars, à Mulhouse (Haut-Rhin) en mai et à Lille (Nord) en septembre. D'autres métropoles, comme Paris et Nice (Alpes-Maritimes) figurent sur ses tablettes.