Cannes : manifs et coupures d'électricité

Cannes : manifs et coupures d'électricité

    Au bout de huit semaines d'un conflit qui a tendance à se radicaliser, les salariés d'ERDF et GrDF ont continué mardi de demander l'ouverture de négociations sur les salaires, lors d'arrêts de travail et de manifestations, à Paris, au festival de Cannes et dans le Sud-ouest.

    Sur l'ensemble du territoire, le taux de grévistes avoisinait 10,65% en fin de journée, selon les deux filiales de distribution du gaz et de l'électricité, qui emploient au total 46.000 personnes en France, les principales perturbations étant constatées dans le Sud-Ouest, le Centre et le Sud-Est.

    Courant coupé sur la Croisette

    A Cannes, quelques 300 grévistes se sont invités aux abords du Palais des Festivals, les forces de l'ordre leur interdisant l'accès à la Croisette. Le courant a été coupé dans plusieurs manifestations culturelles autour du Palais, équipé d'un groupe électrogène, selon la direction d'ErDF.

    Al'hôtel Noga Hilton, la projection d'un film de la Quinzaine des réalisateurs «I love you Phillip Morris» avec Jim Carrey et Ewan McGregor, a été interrompue plusieurs minutes, ont constaté les journalistes de l'AFP. Le courant a aussi été coupé à l'hôtel Eden Roc du Cap d'Antibes et dans plusieurs pavillons du village international.

    Cette journée d'actions, à l'appel des syndicats CGT, CFDT, FO et CFTC, intervient quelques jours après l'interpellation jeudi de 74 syndicalistes lors d'une manifestation à Paris, qui «a sensibilisé le personnel», selon Thierry Chevalier, coordinateur francilien pour la CGT Energie.

    Opération escargot à Paris

    La CGT a recensé des baisses de production d'électricité (2.900 megawatt) et des coupures de courant visant des «préfectures, chambres de commerce, et des locaux du Medef», ainsi que des «passages en heures creuses».A Bordeaux, quelque 10.000 abonnés ont été privés d'électricité quelques minutes. Dans les Landes, un poste de 400.000 volts, à Cantegrit, a été occupé par environ 150 salariés selon la CGT. Les échanges de courant ont été interrompus «durant au moins trois heures entre la France et l'Espagne», la CGT évaluant à 100.000 euros de l'heure le coût pour ERDF.

    A Paris, «une opération escargot» menée par une cinquantaine de véhicules EDF a paralysé dans la matinée un tronçon de périphérique, et 500 personnes selon la police, jeunes pour la plupart, réunis derrière une banderole «en grève pour un vrai service public aux usagers», ont manifesté au son de sirènes et pétards, du siège de GDF jusqu'à celui d'EDF.

    Les syndicats réclament depuis huit semaines des hausses de salaires et la fin des externalisations, qui selon eux visent seulement à réduire les coûts.

    «GDF et EDF, entreprises publiques, ont les mêmes critères de gestion qu'ailleurs: leur rentabilité. Les actionnaires vont être gratifiés de 6,4 milliards d'euros chez GDF et de 5,5 milliards à EDF», a dénoncé Thierry Chevalier.