Du champagne à prix cassé

Les ventes de champagne sont en chute libre. Pour attirer le chaland, des grandes surfaces mettent en rayon des bouteilles à environ 10 â?¬. La guerre des prix fait rage aussi sur Internet.

Du champagne à prix cassé

    Du champagne autour de 10 â?¬ la bouteille ! Inimaginable il y a encore un an. C'est pourtant le prix proposé dans quelques grandes surfaces de la région de Reims. Des sites Internet affichent aussi des prix défiant toute concurrence pour des produits d'entrée de gamme. « Des opérations promotionnelles, il y en a toujours eu à cette période de l'année, relativise un professionnel du secteur. Cette fois-ci, la grande distribution a décidé de frapper fort, quitte à sacrifier ses marges. Le champagne est un produit d'appel destiné à faire venir les clients dans les magasins et leur faire dépenser de l'argent sur d'autres produits. »

    Si certains s'aventurent à vendre du champagne à de tels prix, ce n'est pas qu'une question de marketing. Produit de fête ou pas, la filière n'échappe pas à la crise. Depuis janvier, les ventes ont diminué de 19 %. Un chiffre qui n'augure rien de bon puisque près d'un quart des achats se fait en décembre. « En 2009, on devrait tourner autour de 280 ou 290 millions de bouteilles vendues », estime-t-on au Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC). Loin du record de 2007 : 339 millions de bouteilles écoulées dans le monde. Est-ce à dire que Noël 2009 sera moins pétillant que les précédents ? « Non, répond-on au CIVC. Cette année, le marché national devrait rester stable. » Ce qui n'est pas les cas des exportations. Concentrant la moitié des ventes, celles-ci ont déjà reculé de 40 % au premier semestre... Du coup, les stocks n'ont jamais été aussi importants (1,2 milliard de bouteilles). « Le champagne vendu cette année a été produit il y a au moins trois ans et demi, note un spécialiste. On ne peut pas prévoir le niveau des ventes trois ans à l'avance. C'est pour cette raison que le nombre de bouteilles disponibles dépasse largement les besoins du marché. »

    Agacement des vignerons producteurs

    Victimes de la loi de l'offre et de la demande et d'un prix de revient élevé, certaines maisons n'hésitent donc pas à casser les prix afin de rembourser leurs dettes. Toujours est-il que l'apparition de bouteilles à 10 â?¬ agace les vignerons producteurs de Champagne. Car jusqu'ici, ils étaient les seuls à proposer des bouteilles à prix serrés. « Si on pratique des tarifs plutôt bas, c'est parce qu'on fait tout nous-mêmes et qu'on vend nos produits sans passer par des intermédiaires, précise une productrice installée près de Reims. Ceux qui vendent à 10 â?¬ ou moins se tirent une balle dans le pied. Ils ne pourront pas continuer longtemps comme ça. »