Dans le Doubs, les fast-foods peinent à embaucher

A Houtaud, près de Pontarlier, le Burger King qui ouvre en janvier a dû mal à recruter, au point que le maire a appelé personnellement des habitants… en vain. Car la Suisse toute proche absorbe de plus en plus de travailleurs français.

 A Houtaud (Doubs), le nouveau Burger King a embauché une cinquantaine d’employés mais en recherche encore une trentaine.
A Houtaud (Doubs), le nouveau Burger King a embauché une cinquantaine d’employés mais en recherche encore une trentaine. LP/Philippe Sauter

    « C'est terminé. J'ai préféré démissionner, je n'en pouvais plus ! » Après quelques mois de travail dans un restaurant McDonald's à Pontarlier (Doubs), cet employé a préféré jeter l'éponge. « On se faisait injurier par les clients, comme si c'était de notre faute. La tension, c'était tous les jours ! » L'établissement de restauration rapide ne dispose en effet souvent que de deux bornes de commande disponibles, sur les dix normalement connectées. Un problème technique ? Pas vraiment : « Si l'on ne laisse que deux bornes en activité, c'est parce qu'il n'y a pas assez d'employés pour assurer les commandes. Et comme c'est un McDo très fréquenté, les gens ne comprennent pas », ajoute l'ancien employé.

    Cette situation de crise est à l'image de ce que subissent les commerces dans le Haut-Doubs, et plus particulièrement les restaurants. En première ligne, les fast-foods qui doivent faire face à une demande très importante sans pouvoir y répondre, par manque de salariés. La faute à la Suisse toute proche qui absorbe de plus en plus de travailleurs français.

    « Nous sommes tout près du plein-emploi ! »

    « Cette année encore, le chômage a baissé dans la commune, on est passé en un an d'un taux de 6,10 % à 5,90 %. Nous sommes tout près du plein-emploi ! », note Jean-François Ligier, le maire de Houtaud, petite cité de la banlieue de Pontarlier. La ville abrite la deuxième zone commerciale de France la plus importante par habitant. Une zone équivalente à 130 000 habitants pour une population réelle de 30 000 habitants. Cette suractivité est due aux hauts salaires des travailleurs frontaliers et à la venue en grand nombre des consommateurs suisses.

    A Houtaud, encore, un Burger King va ouvrir ce 3 janvier : le fast-food cherchait à embaucher 80 personnes, sur la base de CDI de 30 heures au Smic horaire. Il en manque encore près d'une trentaine.

    « Il a fallu faire venir pour l'ouverture une vingtaine de personnes d'autres restaurants, Burger King ou Quick, de la grande région pour combler le manque, note Angélique Parisot, à la direction de l'enseigne. « L'opération a un coût pour ce groupement d'une dizaine de fast-foods dans l'est de la France. Tous les salariés venus de l'extérieur verront leurs déplacements et leurs hébergements payés par l'entreprise. »

    Des salaires plus élevés en Suisse

    Le maire de Houtaud a pourtant tout fait pour motiver ses administrés, jusqu'à les contacter personnellement. Sans beaucoup de succès. « Il y a, ici comme ailleurs, des personnes en situation de précarité. Pour moi, le travail, c'est la santé, autant psychologique que financière. J'ai essayé de comprendre pourquoi ils n'acceptaient pas les propositions d'embauche de Burger King. »

    Damien, actuellement au chômage et habitant de Pontarlier, explique : « J'ai vu cette annonce de boulot au Burger King. J'ai travaillé près de trois ans en Suisse et je touche de bonnes indemnités qui sont supérieures à ce que je pourrais gagner en travaillant ici. Je me suis octroyé quatre mois à la maison pour refaire mon appartement tout en touchant plus d'argent ! »

    Le cas le plus extrême se trouve, peut-être, un peu plus au nord, le long de la frontière suisse, à Morteau, l'une des villes parmi les plus tendues en matière d'emplois. Un Buffalo Grill devrait enfin ouvrir, dans six mois environ, avec déjà près d'un an de retard. Le restaurant était pourtant construit et équipé depuis longtemps sur la zone commerciale. La campagne d'embauches ne fait que commencer, elle sera difficile.