Des « cooltivateurs » dans Paris

Vue de l’intérieur des conteneurs de la start-up Agricool qui cultive des fraises dans des espaces de 33m2 régulés et optimisés.
Vue de l’intérieur des conteneurs de la start-up Agricool qui cultive des fraises dans des espaces de 33m2 régulés et optimisés. LP/TONY TRICHANH

    « C'est un profil polyvalent qui n'existe pas. » Nadine Lahoud, pionnière de l'agriculture urbaine à Paris, a inventé un métier : chef de culture. « Il faut connaître l'agriculture de ville et avoir des qualités humaines et de gestionnaire », explique la fondatrice de Veni Verdi, une association qui crée des potagers sur les toits des immeubles. Le quotidien de ce « chargé de développement », comme il est écrit sur son contrat de travail ? « Il commence par un petit tour pour voir comment ça va, ensuite il jardine, s'occupe des poules, accueille le public, anime des ateliers pour les enfants, gère l'administratif. »

    Six ans après sa création, l'association de Nadine Lahoud compte deux salariés. Le dernier embauché est un ingénieur en agronomie qui n'a pas eu besoin de formation. Contrairement à Emilie Giafferi, étudiante en économie « formée sur le tas » à l'agriculture « partagée et nourricière » de la ville. Parmi les points forts de ce modèle de production « raisonnée » : la proximité et la fraîcheur. Par exemple, les bénévoles vendent des tomates 3 € le kilo, moins d'une demi-heure après la cueillette. Si le consommateur y trouve son compte, les « chefs d'orchestre » se contentent pour l'instant d'un smic. « Mais à l'avenir, ils devraient toucher 3 000 €, comme un cadre », espère Nadine Lahoud.

    Miser sur l'hyperlocal

    Chez Agricool aussi, on invente les métiers du futur en misant sur l'hyperlocal. Un an après son lancement, la jeune pousse francilienne, qui produit des fraises dans des conteneurs, emploie déjà 25 personnes, essentiellement des ingénieurs. « On est dans une phase de recherche pour arriver à un conteneur profitable et grand public », explique le cofondateur Guillaume Fourdinier. A en croire ce fils d'agriculteurs, le modèle sera rentable. Un conteneur de 33 m2 produira autant qu'un champ de 4 000 m 2, grâce à une maîtrise de l'environnement intérieur (pas d'aléas climatiques ni de mauvaises herbes) et une optimisation de l'espace (les fraises poussent aussi à la verticale sur les murs).

    Son objectif est d'installer l'an prochain 70 conteneurs. Pour tenir la cadence, la start-up va recruter à temps plein des dizaines de « cooltivateurs ». Leurs missions : planter, récolter et distribuer les fraises bio produites toute l'année au pied des immeubles. Les profils recherchés ? « Des jeunes à l'aise avec le numérique car un conteneur est un gros objet connecté », selon Guillaume Fourdinier. Et comme tout reste à faire, y compris fidéliser la clientèle, le maraîcher urbain 2.0 devra aussi avoir des qualités relationnelles pour « mobiliser » habitants et commerçants du quartier.

    L'apiculture en mode 2.0

    Article issu de notre supplément Le Parisien Eco - à feuilleter en intégralité ici

    Devenez fan du Parisien Economie et suivez nous sur Facebook et Twitter