Mounir Mahjoubi accuse Amazon de détruire des milliers d’emplois en France

Selon l’ex-secrétaire d’Etat au numérique, le géant du e-commerce américain a causé la suppression de 7900 emplois en France en 2018.

 L’entreprise américaine Amazon se défend et se dit « fier de participer à la croissance de l’emploi en France ».
L’entreprise américaine Amazon se défend et se dit « fier de participer à la croissance de l’emploi en France ». AFP/Emmanuel Dunand

    Pour un emploi créé par Amazon France Logistique, le commerce traditionnel en perd 2,2. C'est ce qu'a calculé l'ancien secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi dans une note intitulée « Amazon : vers l'infini et Pôle Emploi! ». Dans ce document de 15 pages publié jeudi soir, le député LREM du XIXe arrondissement de Paris estime que la plateforme de e-commerce a détruit 7900 emplois en France en 2018. Dans le même temps, le cabinet Kantar estime son volume d'affaires à 6,6 milliards d'euros TTC.

    Mounir Mahjoubi parvient au chiffre de 7900 emplois détruits en déduisant des embauches d'Amazon et de ses vendeurs tiers les emplois supprimés dans le commerce physique à cause des activités du site. Soit 12 337 emplois créés pour 20 239 emplois perdus. « À chaque fois qu'il conquiert un euro de chiffre d'affaires, Amazon a besoin de beaucoup moins de salariés que les autres acteurs du secteur pour le porter, résume Mounir Mahjoubi. C'est destructeur d'emplois dans le commerce de proximité, les grandes surfaces et chez les concurrents en ligne. »

    Amazon s'interroge sur la méthodologie de l'étude

    Selon les calculs de l'ancien ministre, chaque salarié d'Amazon porte ainsi 600 000 euros de chiffre d'affaires en moyenne là où un emploi dans un commerce traditionnel en représente 270 000 euros. « Cette productivité élevée est obtenue au prix de pratiques managériales contestées, dénonce Mounir Mahjoubi. Les hommes et les femmes de ses centres logistiques travaillent à un rythme effréné et minuté. »

    « Pourquoi n'a-t-il pas agi quand il était au gouvernement ? » relève, sarcastique, Raphaël Pradeau, le porte-parole d'Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne). L'association, qui est elle-même sur le point de publier un rapport dénonçant l'impact fiscal, social et environnemental d'Amazon en France, partage pour autant la même estimation de deux emplois détruits pour un créé. Une étude américaine réalisée en novembre 2016 par l'Institute for Local Self-Reliance avait d'ailleurs abouti au même ratio.

    Contacté, Amazon s'interroge sur la méthodologie de l'étude qui fait « des hypothèses en termes de chiffres d'affaires et en termes d'impact sur l'emploi. Aucun lien direct n'est avéré. » La plateforme rappelle qu'au contraire, « selon la Direction générale des entreprises, le secteur du commerce a créé plus de 100 000 emplois en 3 ans et Amazon est fier de participer à cette croissance de l'emploi en France. Nous avons créé directement 1 500 emplois en CDI en 2017, 2 000 en 2018 et 1800 en 2019, ainsi que des milliers d'emplois indirects au sein des entreprises partenaires qui utilisent nos services pour leur activité. »

    «Il faut impérativement réguler l'impact de ces grands acteurs»

    « Ce que nous montrerons dans le rapport, annonce Raphaël Pradeau d'Attac, c'est que les conditions de travail chez Amazon sont en train de s'appliquer à d'autres prestataires, comme La Poste. Car Amazon est à la fois son premier client et son principal concurrent. »

    Pour le militant, le géant américain exerce une concurrence illégale par rapport aux commerçants français, qu'ils soient physiques ou en ligne. « Comme Amazon pratique l'évasion fiscale au Luxembourg, il échappe à l'impôt et il peut vendre des produits à des prix qui seraient à perte pour tous les autres, plus petits que lui », déplore Raphaël Pradeau.

    De son côté, Mounir Majhoubi compte lancer dans les prochaines semaines des ateliers de travail parlementaires sur la régulation d'Amazon. « Il faut impérativement réguler l'impact de ces grands acteurs sur l'économie et l'environnement, exactement comme on l'a fait pour les grandes surfaces », plaide l'ex secrétaire d'Etat.

    En attendant, le député en appelle aux Français qui « peuvent faire de la politique avec leur porte-monnaie ». À quelques jours du Black Friday, cette vaste opération commerciale venue d'Amérique programmée le vendredi 29 novembre, il invite les consommateurs à consulter la plateforme « le Noël des PME », qui recense les commerçants français.