Fuite de Carlos Ghosn : le Japon demande l’extradition d’un ancien béret vert et de son fils

Michael Taylor et son fils Peter ont été arrêtés au mois de mai dans le Massachusetts (Etats-Unis). Avec au moins un complice, ils ont organisé la fuite de l’industriel au Liban.

 Carlos Ghosn, le 8 janvier dernier à Beyrouth s’apprête à tenir une longue conférence de presse pour justifier son « départ » du Japon alors qu’il en avait l’interdiction.
Carlos Ghosn, le 8 janvier dernier à Beyrouth s’apprête à tenir une longue conférence de presse pour justifier son « départ » du Japon alors qu’il en avait l’interdiction. AFP

    Le Japon a formellement demandé aux Etats-Unis d'extrader deux Américains soupçonnés d'avoir aidé Carlos Ghosn à fuir dans des conditions rocambolesques fin 2019 la justice nippone, partiale à ses yeux.

    Michael Taylor, 59 ans, un ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée, et son fils Peter Taylor, 27 ans, sont en détention depuis leur arrestation le 20 mai à Harvard, dans le Massachusetts, à la demande de Tokyo.

    Le Japon avait émis des mandats d'arrêt contre les deux hommes ainsi qu'un troisième, George-Antoine Zayek, en janvier. Conformément au traité qui lie les deux pays, le gouvernement nippon avait 45 jours après leur interpellation pour transmettre sa demande d'extradition par les canaux diplomatiques. Le Japon a formalisé sa démarche auprès du Département d'État américain, a indiqué un procureur fédéral dans des documents joints jeudi à la procédure.

    Une évasion rocambolesque

    Estimant que les deux hommes n'avaient pas été inculpés au Japon d'une infraction pour laquelle l'extradition était possible en vertu du traité américano-japonais, les avocats des Taylor père et fils ont demandé l'annulation de la procédure ou, a minima, leur remise en liberté provisoire. Mais les procureurs estiment qu'ils présentent un « grand risque de fuite ».

    Les deux hommes, ainsi que le Libanais George-Antoine Zayek, ont en effet prouvé qu'ils étaient capables d'organiser la fuite du justiciable le plus médiatisé du Japon. Le 29 décembre dernier, Michael Taylor et George-Antoine Zayek avaient présenté leurs passeports pour monter à bord du jet privé parti d'Osaka pour Istanbul, dans lequel l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, qui avait interdiction de quitter le Japon, était caché dans une grande caisse capitonnée pour instrument de musique.

    VIDÉO. Affaire Ghosn : nouvelles images des complices présumés à l'aéroport d'Istanbul

    L'ancien magnat de l'automobile, accusé de malversations financières, a ensuite pris l'avion pour le Liban, dont il possède la nationalité et où il réside depuis.

    Lors d'une conférence de presse très médiatisée, début janvier, il avait refusé de commenter les circonstances de sa fuite, et s'était posé en victime d'un « coup monté ». Carlos Ghosn fait toujours l'objet de quatre inculpations au Japon pour malversations financières. Le Liban n'a pas d'accord d'extradition avec l'archipel.