«Il faut 30 % de grévistes pour gagner»

Le président de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli), Pascal Massol, est agriculteur dans l'Aveyron.

Avez-vous les moyens d'engager une grève du lait ?

Pascal Massol. A deux-trois détails près, on peut la démarrer demain matin. En quelques mois, nous avons rencontré plus de 40 000 producteurs dont une grande majorité sont partants. Avant nous, personne n'avait réussi à mobiliser autant de monde en si peu de temps. On attend le meilleur moment pour se lancer, en fonction des discussions que nous avons engagées aux niveaux national et européen. On a demandé une audience au cabinet de Nicolas Sarkozy. »

De plus en plus, sachant qu'il ne sait pas trop comment appréhender le mouvement. On prône la non-violence, on veut régler le problème avec les industriels sans jeter notre lait. Eux, ils sont habitués à voir le paysan défier les CRS en tracteur, demander le maintien des subventions et rentrer chez lui. En aucun cas on ne résoudra la crise en cassant des caddies ou en brûlant des palettes. D'ailleurs, ça n'a servi à rien.

Comment expliquez-vous votre percée ?

On s'est trouvé au bon endroit au bon moment. Les producteurs de lait sont touchés dans leur intégrité et leur survie. Ils ont compris que ceux qui avaient signé les accords étaient les mêmes qui leur avaient demandé de manifester. Ils ont envie de reprendre leur destin en main, car la dérégulation des marchés et la contractualisation qu'on nous promet, c'est la fin de leur indépendance. La grève est un geste fort, mais c'est un investissement à terme. Compte tenu des besoins de l'industrie laitière, si 30 % des producteurs s'engagent, on gagnera.

* Association des producteurs de lait indépendants .