La colère des salariés monte

Après Michelin, les salariés de Simmons, le fabricant de matelas (Ardèche) , ont entamé hier soir un dialogue musclé avec leurs dirigeants. La radicalisation fait tache d'huile.

La colère des salariés monte

    Séquestrations de dirigeants, menaces de faire sauter leurs usines ou risques d'interventions musclées sur la route du Tour de Franceâ?¦ Partout dans le pays depuis quelques semaines, les salariés de secteurs en difficulté prennent des initiatives « choc » pour se faire entendre. De Michelin à Blanzy (Saône-et-Loire), en passant par Nortel, l'équipementier télécoms de Châteaufort (Yvelines), New Fabris, sous-traitant automobile à Châtellerault (Vienne), ou le blocage de SKF de Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), les conflits sociaux se radicalisent.

    Hier soir, c'était au tour des ouvriers de Simmons, le fabricant de matelas de Flaviac (Ardèche), de durcir le ton. Même si ces actions ne sont pas toutes couronnées de succès, leurs promoteurs peuvent être satisfaits sur au moins un point : le gouvernement n'y reste pas indifférent. Ainsi, Christian Estrosi, ministre de l'Industrie fraîchement nommé, a reçu hier les syndicats de New Fabris pour leur faire de nouvelles propositions.  Le ministre avait toutefois exigé comme préalable le retrait des explosifs que ces salariés menaçaient de faire sauter.

    Une dimension affective

    « L'inquiétude qui naît de l'annonce brutale de suppression d'emplois, ou de la fermeture du site, est le facteur de fond de ces mouvements, analyse Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST). Et puis, il y a l'élément accélérateur que constitue l'impression, pour les salariés concernés, qu'un passage dans les médias va leur être favorable. » Autre facteur : un attachement très fort à son emploi et à son entreprise. « En France, le contrat de travail renvoie à un sentiment de statut et d'appartenance, explique Bernard Vivier. Il y a une dimension affective du conflit. Pour un Allemand ou un Anglais, fermer un site est un acte rationnel, qui donne lieu à des négociations très poussées sur les modalités. En France, on ferme souvent sans préparation. Ce qui, dans certains cas, peut déboucher sur la violence. »

    « La stratégie des grands groupes échappe complètement aux salariés, regrette de son côté Maurad Rahbi, en charge des questions d'emploi à la CGT. Il faudrait leur donner des perspectives claires sur l'emploi local, les possibilités de reconversion, les mesures d'accompagnement. Aujourd'hui, les entreprises peuvent tout se permettre. » Au gouvernement qui joue bien malgré lui le rôle de médiateur de rééquilibrer le rapport de forces.

    A Malaucène, dans le Vaucluse, les salariés de la papeterie que le groupe américain Schweitzer-Mauduit veut fermer menacent de perturber le Tour de France, samedi.