Le digital bouscule les banques, qui vont supprimer des milliers d'emplois

Après la Société générale lundi, Banque populaire-Caisse d'épargne a confirmé mercredi plusieurs milliers de suppressions de postes. La digitalisation bouleverse le secteur.

La Défense (Hauts-de-Seine), lundi. La Société générale va supprimer 300 agences d’ici à 2020.
La Défense (Hauts-de-Seine), lundi. La Société générale va supprimer 300 agences d’ici à 2020. LP/ OLIVIER ARANDEL

    Big bang social dans la banque! Les 370 000 banquiers français commencent à se faire du mouron. Car les annonces de suppressions d'emplois et de fermetures d'agences se multiplient. Dernier exemple en date mercredi. BPCE, deuxième plus grand réseau bancaire français avec 15,8 millions de clients traités dans les Banques populaires et les Caisses d'épargne, a confirmé la fermeture de 400 agences, soit 4 000 suppressions d'emplois, entre 2017 et 2020. Sans plan social, en jouant sur les départs naturels (retraite, démission, etc.). « Nous ne remplaçons que deux départs sur trois », précise François Pérol, son dirigeant. Cette année, 950 postes n'ont pas été remplacés.

    La résignation des salariés

    Une évolution des réseaux au nom de la « digitalisation ». Autrement dit, le recours quasi systématique au smartphone ou à l'ordinateur pour les opérations bancaires courantes. « Nos dirigeants paniquent. Ils veulent traiter quasiment la moitié de nos clients uniquement à distance », estime Bruno Aguirre, délégué FO de BPCE.

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    La Société générale va, elle aussi, supprimer de nombreuses agences : 20 % de ses points de vente, soit 300 agences, à l'horizon 2020. C'est en tout cas ce qu'a présenté le directeur général, Frédéric Oudéa, aux investisseurs mardi matin. Au pied de la tour de la Société générale à La Défense, les cadres de la banque confient leur résignation à l'évocation de l'annonce du « plan stratégique 2020 ». « On se pose beaucoup de questions dans les couloirs, mais notre métier est en train de se transformer. Nous n'y pouvons rien », confie une trentenaire croisée au moment de la pause déjeuner. « On s'en doutait malheureusement, renchérit Odile, 54 ans. Aujourd'hui, tout le monde peut se connecter à sa banque sur son téléphone. Il faut bien s'adapter. A la Société générale, on n'est pas des révolutionnaires, on ne va pas descendre dans la rue pour ça. Si mon poste est supprimé dans deux ans, je comprendrai », lâche même la femme, son badge autour du cou.

    Un « mouvement inéluctable »

    Dans l'entreprise, seule la CFDT s'époumone contre « la méthode déloyale employée par la Société générale et considère qu'elle méprise les salariés et leurs représentants ». Elle fait les comptes : « Neuf cents suppressions d'emplois supplémentaires par rapport aux annonces déjà faites antérieurement (NDLR : en 2015), cela élève le nombre à 3 450 ! »

    Au Syndicat national de la banque (SNB), première organisation du secteur, on dresse aussi le constat du « mouvement inéluctable lié à la digitalisation » avant d'égrener les cures d'amaigrissement entamées par l'ensemble du secteur bancaire depuis quelques années. « Le processus est en route partout, rappelle le secrétaire général, Régis dos Santos. La BNP aussi a annoncé la fermeture de 200 agences d'ici trois ans. Seuls le Crédit agricole et le Crédit mutuel n'y touchent pas encore. »

    Régis dos Santos le prédit : « A l'avenir, 80 % des services vont être automatisés dans les banques. Ne resteront plus dans les agences que des experts qui donneront des conseils personnalisés. Les métiers seront aussi plus spécialisés, plus intéressants. » Et d'appeler à un « plan Marshall de la formation » dans le secteur bancaire.