Le plan de relance de 100 milliards d’euros (enfin) dévoilé

Jean Castex, le Premier ministre, a détaillé dans le Figaro ce mercredi soir le contenu du plan de relance de 100 milliards d’euros de l’économie française.

 Le plan de Jean Castex reposera sur trois grands piliers : la transition écologique, la souveraineté économique ainsi que la cohésion sociale et territoriale.
Le plan de Jean Castex reposera sur trois grands piliers : la transition écologique, la souveraineté économique ainsi que la cohésion sociale et territoriale. LP/Frédéric Dugit

    L'heure de vérité! Le plan de relance de l'économie tricolore, tant attendu par les entreprises, parfois avec quelques craintes, a été dévoilé ce mercredi dans le Figaro par le Premier ministre Jean Castex, qui sera également l'invité de RTL Matin pour détailler son contenu. Dès 7h35, le successeur d'Édouard Philippe devrait ainsi préciser à quoi serviront précisément les 100 milliards d'euros, destinés à soutenir les secteurs touchés par les conséquences de l'épidémie de Covid-19.

    Ce plan de relance devait être initialement rendu public le 25 août, mais à l'approche de la rentrée scolaire, sa présentation a été repoussée de quelques jours, dans un contexte d'accélération de la circulation du virus. La description précise et exhaustive des mesures suscite beaucoup d'attentes, même si plusieurs points sont déjà connus et ont fait l'objet d'annonces lors de l'été.

    Ce mercredi, l'entourage du Premier ministre a rappelé que le plan reposera sur trois grands piliers : la transition écologique, la souveraineté économique ainsi que la cohésion sociale et territoriale. « Il s'agit d'un dispositif global d'une ampleur historique, pensé pour avoir des effets immédiats mais aussi de longue durée, se félicite-t-on à Matignon. Au total, ces 100 milliards se déploient dans plus de 70 programmes différents. L'ambition est par ailleurs de faire levier, c'est-à-dire de générer des investissements privés. »

    Un plan de relance, trois axes de financement

    Dans son volet « transition écologique » de 30 milliards d'euros, le plan prévoit ainsi, en vrac, des aides pour réparer les vélos, d'autres pour soutenir l'achat de véhicules propres (mais ni les montants ni les seuils d'éligibilité ne sont encore connus), ou encore des formations aux « métiers verts ». Dans cette enveloppe, plus de 11 milliards seront consacrés aux « transports », pour relancer notamment les trains de nuit et les petites lignes. Entre autres mesures.

    Le second volet « souveraineté économique » - de 35 milliards d'euros - inclut quant à lui la baisse des impôts de production pesant sur les entreprises, évaluées à 20 milliards d'euros sur deux ans. Trois milliards d'euros de fonds propres sont également budgétés pour aider les entreprises endettées. Des mesures d'accompagnement pour favoriser la relocalisation des entreprises installées à l'étranger sont également prévues.

    Enfin, dans son dernier volet « cohésion sociale et territoriale », le plan multiplie les mesures en faveur de l'emploi – des jeunes notamment – alors que la crise risque de générer une vague de faillites et de licenciements.

    D'une façon générale, l'objectif est clair : le plan « doit permettre à la France de retrouver dès 2022 le niveau de richesse d'avant crise », indique Matignon. Il doit ainsi favoriser la relance de l'activité à court terme mais également « préparer la France à l'horizon 2030 ».

    Et l'argent dans tout ça ? En mettant 100 milliards d'euros sur la table, le ministère des Finances ne creuse-t-il pas sa propre tombe ? Et celle du pays, alors que la dette est attendue autour de 120 % du PIB à la fin de l'année ? « 100 milliards, c'est un choix responsable en termes de soutenabilité de nos finances publiques, insiste-t-on à Matignon. La quasi-totalité des dépenses n'ont pas de caractère pérenne – hormis la baisse des impôts de production, et la moitié de cet investissement est prise en charge par l'Union européenne. La pire des options aurait été de ne rien faire ! »

    «Rien pour stimuler la consommation des ménages»

    Du côté des économistes, on attend de connaître la totalité du plan de relance. Mais déjà, les critiques fusent. « Annoncer 100 milliards d'euros de mesures, c'est énorme, reconnaît Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Mais il faudra regarder en détail ce qui relève de la réelle impulsion budgétaire et ce qui relève plutôt des prêts et autres garanties. » Dans son viseur, les 460 milliards d'euros d'aides d'urgence annoncées au cœur de la crise par le gouvernement : « Dans cette somme colossale, la majeure partie était en réalité des Prêts garantis par l'Etat (PGE), qui ont vocation à être remboursés par les entreprises! »

    Selon l'économiste, ce « plan de relance » n'en est, en réalité, pas vraiment un. « Il y a beaucoup de mesures structurelles, ce qui est bien, mais il manque de mesures d'aides immédiates, déplore-t-il. Certes, le plan prévoit des aides à l'embauche des jeunes ou la prise en charge du chômage partiel. Mais rien n'est fait pour stimuler la consommation des ménages, encore trop timide. Nos voisins allemands et anglais ont décidé de baisser le taux de TVA pour favoriser la reprise de la consommation. Nous, on nous répète seulement d'avoir confiance. Cela ne suffit pas. »