Mouraud, Herbert, Barnaba… que deviennent les «autres» figures des Gilets jaunes ?

Certains préfèrent poursuivre les manifestations, une minorité veut prendre le même chemin que cette liste Gilets jaunes lancée dans la bataille des européennes et d’autres ont pris du recul avec le mouvement.

 Les anciens porte-paroles du mouvement sont majoritairement contre la participation de Gilets jaunes aux élections européennes.
Les anciens porte-paroles du mouvement sont majoritairement contre la participation de Gilets jaunes aux élections européennes. Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Eric Drouet, Priscillia Ludosky, et Maxime Nicolle d'abord, puis Ingrid Levavasseur et Hayk Shahinyan pour les élections européennes … Ces noms sont aujourd'hui les plus suivis et les plus commentés au sein du mouvement des Gilets jaunes. Mais ils ne sont pas les seuls visages des représentants - parfois choisis, parfois autodésignés - des Gilets jaunes.

    Chez les anciens porte-paroles désignés en novembre pour rencontrer (sans succès) le gouvernement, et parmi quelques figures qui ont émergé dans les médias, la lutte continue sous plusieurs formes. Certains Gilets jaunes visent le champ politique, d'autres privilégient le terrain au local mais aussi au niveau national, en collaboration avec Eric Drouet ou Priscillia Ludosky.

    Jacline Mouraud, loin des ronds-points, près de la politique

    Elle appelle aujourd'hui à la fin de la mobilisation. La chanteuse Jacline Mouraud, très suivie et très contestée depuis le début du mouvement, assure à Europe 1 qu'il « faut passer à un autre mode d'action ». Sa proposition? « Créer un parti politique pour continuer à se faire entendre. » C'est en projet, avec la création à venir de son parti « Les Emergents », qui vise les municipales en 2020, dont les contours et les revendications sont encore à définir.

    Jacline Mouraud compte fonder un parti politique. /Capture d’écran C à Vous
    Jacline Mouraud compte fonder un parti politique. /Capture d’écran C à Vous Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Une chose est sûre cependant : Jacline Mouraud ne veut plus voir de Gilets jaunes dans la rue le week-end. « J'aimerais demander à Éric Drouet et Maxime Nicolle quelles sont leurs intentions réelles à convoquer des manifestations tous les samedis », a-t-elle déclaré.

    Jean-François Barnaba, le Parlement européen en vue

    Lui aussi veut intégrer le champ politique. Jean-François Barnaba, qui est souvent intervenu sur les plateaux de radio et de télévision, milite en faveur d'une liste de Gilets jaunes pour les élections européennes, même s'il avoue au Parisien que « la tâche est immense » et « qu'il faudra du temps ».

    Jean-François Barnaba veut créer une liste aux élections européennes./Capture d’écran France Inter
    Jean-François Barnaba veut créer une liste aux élections européennes./Capture d’écran France Inter Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Serait-il alors prêt à incarner ce mouvement ? « Pas forcément. […] Il faudrait quelqu'un avec une grande expérience de la vie publique », répond-il. Sa liste des Gilets jaunes est notamment soutenue par l'écrivain Alexandre Jardin. Mais il le garantit, il n'y aura pas de parti politique établi dans son entourage. « J'ai immédiatement fermé la porte à ces possibilités », assure-t-il.

    Pour l'instant, le cadre de la fonction publique, originaire de l'Indre - mais refusant tout titre de porte-parole au nom de son département -, manifeste à Paris le samedi. Il travaille en faisant le relais des Gilets jaunes à travers toute la France, afin de construire, lentement mais sûrement, son programme aux Européennes.

    Jason Herbert, la communication et le terrain

    Il était l'un des deux seuls Gilets jaunes à s'être rendus à Matignon pour une réunion qui a tourné au fiasco fin novembre. Depuis, Jason Herbert a repris le travail de terrain, pour lequel il confie avoir « plus de temps ». « Je manifeste, le plus souvent à Bordeaux, et je fais de la coordination. Je suis toujours en lien avec Eric Drouet et je l'accompagne sur des éléments de communication », nous explique-t-il.

    Jason Herbert travaille notamment sur la communication d’Eric Drouet. /Capture d’écran BFMTV
    Jason Herbert travaille notamment sur la communication d’Eric Drouet. /Capture d’écran BFMTV Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Le jeune homme originaire d'Angoulême a déjà été approché par deux partis politiques, dont il ne souhaite pas donner les noms. Mais il ne prévoit pas d'intégrer une formation politique ou une liste pour les Européennes. Ce serait contraire à la volonté d'unité du mouvement, selon lui.

    Mais serait-il prêt à remettre les pieds à Matignon ou l'Elysée si le gouvernement l'y invitait ? « J'ai déjà fait part au cabinet du Premier ministre que j'étais disponible pour entamer d'autres discussions », indique le Charentais qui ne subit plus de pressions, comme il y a quelques mois.

    « On a appris à me connaître. Si jamais j'y vais, je sais que je serai plus serein, même s'il est vrai que je n'attendrais rien d'une rencontre à Matignon. » Pour le chargé de communication, le travail de mobilisation continue, notamment via l'organisation de manifestations nocturnes, comme le préconisent de nombreux autres Gilets jaunes.

    Thomas Mirallès, ancré dans les Pyrénées-Orientales

    Le Catalan, qui faisait partie de la même délégation que Jason Herbert, est toujours actif sur le terrain. « Je continue les manifestations, soit en centre-ville de Perpignan, soit à Toulouse, ou sur les péages », nous rappelle-t-il. « Je travaille sur les communiqués, je fais remonter les revendications de mon département, les Pyrénées-Orientales, je fais le relais depuis Perpignan », énumère le chef d'entreprise de 27 ans, qui travaille sur la page Facebook « La France en Colère » avec Priscillia Ludosky.

    Thomas Mirallès travaille avec Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle./Capture d’écran France 3 Occitanie
    Thomas Mirallès travaille avec Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle./Capture d’écran France 3 Occitanie Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Lui aussi refuse toute récupération politique. « Un parti (NDLR : il n'a pas souhaité préciser lequel) m'a approché pour les Européennes et les municipales de 2020 à Perpignan, mais j'ai dit non. Ça ne m'intéresse pas », avoue-t-il.

    En revanche, le jeune homme se dit ouvert à toute invitation par le gouvernement dans le cadre d'un dialogue. « Si on m'invite, je viendrai avec plaisir », assure-t-il. « Mais j'irai pour aller à la pêche aux infos et faire remonter des revendications de mon département. Je ne prendrai pas de décision au nom des Gilets jaunes, je ne m'en sens pas légitime. »

    Mathieu Blavier, Gilet jaune « pour toujours »

    Lui aussi continue les manifestations du samedi, mais « à Paris », pas dans son département d'origine, les Bouches-du-Rhône. C'est que les plateaux télés lui prennent tous ses week-ends. Mathieu Blavier le promet : il était Gilet jaune « avant l'heure » et il le restera « pour toujours ». « Je n'ai pas cédé à la pression. D'ailleurs, vendredi, j'irai au débat organisé par Marlène Schiappa sur TPMP. Je fais aussi beaucoup d'émissions de télévision pour porter la parole des gens », développe-t-il.

    Mathieu Blavier participera au débat animé par Marlène Schiappa vendredi. /Facebook
    Mathieu Blavier participera au débat animé par Marlène Schiappa vendredi. /Facebook Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Le sudiste, comme beaucoup de Gilets jaunes, n'est pas convaincu par l'envie de certains de siéger au Parlement européen. « Le mouvement est apolitique, on le dit depuis le début. Si on s'est battus pour ça ce n'est pas pour rentrer ensuite dans le système », s'agace-t-il.

    « La meilleure stratégie à adopter, c'est continuer à se mobiliser, aller au débat, même si ça peut être de l'enfumage, dire ce qu'on veut, aller harceler nos élus locaux, nos députés, ne pas leur laisser une seconde de répit », selon le porte-parole proche d'Eric Drouet.

    Julien Terrier, des envies de projets citoyens

    Le Gilet jaune de 31 ans est toujours actif en Isère, là où il vit. « On continue à manifester à Grenoble, où la mobilisation est de plus en plus importante. On est passés de 600 à 3 000 personnes », nous confie-t-il. Julien Terrier compte aussi participer au grand débat national lancé par Emmanuel Macron. « On a organisé une réunion pour Grenoble, où on a loué une salle pour le 10 février, dit-il. On va jouer le jeu, comme ça, on ne pourra pas dire qu'on n'a pas essayé. »

    Julien Terrier compte participer au grand débat national./Capture d’écran France 3 Alpes
    Julien Terrier compte participer au grand débat national./Capture d’écran France 3 Alpes Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    Autre projet en cours : la création d'un « collectif citoyen au niveau local ». L'objectif ? « Créer de l'entraide citoyenne ». « On a commencé à s'y pencher, et pas mal de monde est intéressé. […] Mais ce sera dissocié des Gilets jaunes. Car, si le mouvement s'essouffle, je ne veux pas que ce collectif disparaisse en même temps », prévoit le Grenoblois. Sur le plan politique, il admet avoir été approché par Debout La France et La France insoumise au début du mouvement, en vain. « Je n'ai pas été approché depuis », poursuit-il.

    Compte-t-il cependant continuer son travail de porte-parole national si le gouvernement l'invitait à une rencontre ? « Ça pourrait être envisageable, répond-il. Mais je ne sais pas si le fait de discuter aboutira à quelque chose. »

    Laetitia Dewalle, entre médias et rassemblements

    Laetitia Dewalle a organisé la première assemblée générale des Gilets jaunes du Val-d’Oise./Capture d’écran BFMTV
    Laetitia Dewalle a organisé la première assemblée générale des Gilets jaunes du Val-d’Oise./Capture d’écran BFMTV Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    La porte-parole du Val-d'Oise continue les interventions médiatiques et le travail sur le terrain. Mercredi soir, Laetitia Dewalle a d'ailleurs animé une assemblée générale des Gilets jaunes dans son département. La réunion devait aborder la désignation d'un rapporteur officiel dans le cadre du grand débat national, mais aussi une discussion autour du référendum d'initiative citoyenne.

    Marine Charrette-Labadie, en retrait dans les coulisses

    Marine Charrette-Labadie a laissé tomber son statut de porte-parole./Capture d’écran BFMTV
    Marine Charrette-Labadie a laissé tomber son statut de porte-parole./Capture d’écran BFMTV Captures d’écran France Inter, BFMTV, C à Vous, France 3 Occitanie, France 3 Alpes, Facebook

    La jeune femme s'est faite discrète dans les médias cet hiver. La serveuse au chômage de 22 ans, a d'ailleurs rendu son micro de porte-parole nationale fin novembre, comme le raconte le journal La Montagne. « J'en avais marre, j'étais fatiguée et je n'avais pas envie de me battre pour des gens qui ne le méritent pas, expliquait-elle. Je veux me protéger. » Cependant, elle avait assuré vouloir continuer la mobilisation au niveau local.