A la SNCF, l’après-grève s’annonce douloureuse

Jean-Pierre Farandou, le PDG de la compagnie, a annoncé ce jeudi que les pertes liées à la grève contre la réforme des retraites avoisineraient 1 milliard d’euros. Un plan d’économie et des cessions d’actifs devraient être mis en place.

 Jean-Pierre Farandou, le patron de la SNCF, a indiqué ce jeudi qu’il y aurait « un plan d’économies », sans donner plus de précisions.
Jean-Pierre Farandou, le patron de la SNCF, a indiqué ce jeudi qu’il y aurait « un plan d’économies », sans donner plus de précisions. LP/Olivier Arandel

    Si le conflit social n'est pas encore terminé à la SNCF, l'après grève s'annonce d'ores et déjà compliquée, socialement et économiquement.

    Alors que ce jeudi marquait le 43e jour de grève des cheminots, avec seulement 10,1 % de grévistes, Jean-Pierre Farandou, le nouveau PDG de la compagnie s'est montré relativement pessimiste sur la situation financière de l'entreprise, au cours d'un point presse au siège du groupe : « Au total, on ne sera pas très loin du milliard d'euros de perte à cause de cette grève », a-t-il confié. Tout en indiquant qu'il y aura « un plan d'économies ». Lequel ? Rien de précis pour l'instant. Mais la cession d'actifs est bien à l'ordre du jour.

    Le sujet était déjà évoqué sous le précédent PDG, Guillaume Pepy. Ces cessions devraient accompagner le développement de l'entreprise mais surtout combler la dette, et répondre ainsi à la trajectoire financière plus qu'ambitieuse fixée par le ministère de l'Économie.

    Quels actifs seront cédés ?

    Depuis la réforme ferroviaire, sur les 57 milliards d'euros (Mds€) de dette (fin 2018) de l'entreprise, l'Etat a prévu d'en reprendre 25 Mds€ cette année et 10 Mds€ en 2022. « Aujourd'hui, c'est Bercy qui tient les cordons de la bourse, s'agace un administrateur de la compagnie. Cela fait des mois qu'on se doute qu'il va falloir vendre les bijoux de famille pour rester dans les clous. Sinon, c'est intenable. »

    Reste à avoir quels actifs seront cédés. « Un temps, on a évoqué Geodis (NDLR : entreprise de transport de marchandises filiale de la SNCF), se souvient un administrateur. Mais aussi une partie du parc immobilier. » Interrogé sur le sujet, Jean-Pierre Farandou a botté en touche : « Nous sommes au début de la réflexion. Fin février, nous aurons une analyse plus fine. »

    Par ailleurs, oublié le petit coup de pouce financier, évoqué par Jean-Pierre Farandou, à son arrivée, début novembre, pour remettre de l'huile dans les rouages du climat social. « Il n'y a plus d'argent, a insisté le patron des cheminots. Quand vous perdez 1 milliard d'euros, je ne sais pas comment financer des mesures sociales. »

    Ne pas toucher à l'emploi de terrain

    Un début d'austérité qui risque de faire grincer quelques dents. « Si on veut que ce conflit se termine proprement, il va falloir faire des concessions, prévient un syndicaliste réformiste. L'entreprise a l'occasion de faire d'une pierre deux coups. En faisant un geste pour les cheminots encore perdants avec la fin du régime spécial, il règle un dernier point de blocage et il envoie un signal positif. »

    Pas sûr que le message passe. Car sur la mise en place de la réforme des retraites à la SNCF, Jean-Pierre Farandou l'affirme : « Il n'y a plus rien à lâcher. » Les prochains mois s'annoncent donc compliqués pour l'entreprise ferroviaire. Et il n'est pas étonnant que le PDG ait fait appel à François Nogué pour prendre la direction des ressources humaines, à la place de Benjamin Raigneau. L'homme est bien connu des 138 000 cheminots. C'est lui, déjà, qui officiait à la tête du service RH de la SNCF entre 2006 et 2014.

    Seule bonne nouvelle pour les cheminots, Jean-Pierre Farandou s'est engagé à ne pas toucher à l'emploi de terrain, comme les agents de maintenance ou les guichetiers. « On dirait que la compagnie oublie que la grève n'est pas terminée, constate un syndicaliste. Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moyen de faire revenir tout le monde au travail. »