«Un nivellement par le bas des conditions de sécurité»

BERNARD AUBIN, secrétaire fédéral CFTC-transports

«Un nivellement par le bas des conditions de sécurité»

    Le syndicaliste tire la sonnette d'alarme, notamment dans la perspective de l'ouverture à la concurrence du transport passagers à la fin de l'année.

    En quoi l'ouverture à la concurrence du trafic marchandises explique-t-elle ce nouvel incident ?

    Bernard Aubin. L'objectif de Bruxelles en ouvrant les frontières était d'abord de développer le trafic de fret ferroviaire, pas d'harmoniser les conditions techniques, sociales ni même économiques des différents opérateurs européens. Or, dans la réalité, non seulement cela n'a pas dopé le fret ferroviaire mais, en plus, cela a entraîné un nivellement par le bas des conditions de sécurité et de circulation des trains. Certes, des opérateurs tels que Veolia Cargo , ECR, et bien d'autres ont obtenu leur certification, mais il faut voir ensuite comment ces règles de sécurité sont déclinées au quotidien et quels sont les moyens donnés aux salariés pour les appliquer.

    La France contrôle-t-elle assez les nouveaux opérateurs ?

    Depuis l'arrivée de ces nouveaux opérateurs, je remarque que les pouvoirs publics n'ont pas lancé d'audit que ce soit en termes techniques ou d'efficacité ni même pour vérifier la compétitivité de ces entreprises face à un opérateur historique comme la SNCF.

    Depuis la libéralisation, y a-t-il plus d'incidents sur le réseau national ?

    Oui, il y a une recrudescence des incidents sérieux. En avril 2008, un train de marchandises opéré par Veolia dépasse de 3 300 m son point d'arrêt à Montauban. Le système de freins n'avait pas été vérifiéâ?¦ En mai 2008, un autre convoi de Veolia à Rémilly (Lorraine) déraille à la suite du non-respect d'un signal d'arrêt. Ces dérives ne sont pas à prendre à la légère. Un train du privé qui enfreint les règles menace la sécurité de l'ensemble des circulations, et notamment celle des trains de voyageurs.