Législatives à Paris : Bournazel - El Khomri, le duel des vrais-faux marcheurs

Pierre-Yves Bournazel (LR) et Myriam El Khomri (PS), qui s'affrontent à Paris, se réclament tous deux de la majorité présidentielle.

    Matignon contre Elysée par candidats interposés. Résumé ainsi, le film qui se joue en ce moment dans la 18e circonscription de Paris (XVIIIe arrondissement et une partie du IXe) a tout du western spaghetti. A ma droite, Pierre-Yves Bournazel, les Républicains. A ma gauche, Myriam El Khomri, Parti socialiste. Tous les deux, qualifiés au second tour des législatives, dimanche prochain, se revendiquent de la majorité présidentielle. Sauf qu'ils s'accusent mutuellement de mensonge, d'enfumage et d'entretenir la confusion !

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    En ne donnant son investiture à aucun candidat dans cette circonscription traditionnellement à gauche, la République en marche (LREM) a involontairement installé la pagaille. A l'origine, il s'agissait de favoriser l'ex-collègue de Macron au sein du gouvernement Valls.

    Tout était assez clair jusqu'à ce que Bournazel se réclame lui aussi du mouvement macronien. « Moi, je siégerai dans la majorité présidentielle », proclame ce juppéiste qui a été auparavant investi par les Républicains (LR). Mais dans quel groupe ? « On ne connaît pas encore les groupes mais je suis dans la majorité », persiste-t-il.

    « Moi, je suis une social-démocrate assumée, une candidate de gauche qui soutient Emmanuel Macron », réplique Myriam El Khomri. L'ancienne suppléante du sortant socialiste Christophe Caresche ne voit pas pourquoi elle ne siégerait pas parmi le groupe PS. Contrairement à son adversaire, elle n'a d'ailleurs jamais demandé l'investiture de la République en marche.

    Les électeurs trancheront

    Il y a une semaine, Bournazel a dégainé une vidéo du Premier ministre Edouard Philippe l ui apportant son soutien franc et massif, réitéré depuis à deux reprises.

    Son adversaire se réclame, elle, de l'appui du président Macron. « Il n'y a pas un texte, pas une photo qui l'accrédite », flingue son adversaire de droite. « Vous imaginez que j'aie pu mettre sur mes bulletins soutenue par Emmanuel Macron si ce n'était pas vrai? » s'indigne l'ancienne ministre du Travail. Et d'expliquer qu'elle était en train de signer le BAT (bon à tirer) de ses documents de campagne lorsque le président lui a envoyé un texto pour lui accorder son appui officiel. Mais elle se refuse à montrer le fameux SMS, au nom du respect des conversations privées. L'une des personnalités socialistes de l'arrondissement se charge d'étriller le candidat LR : « Jamais Macron n'a dit un mot en sa faveur. Or il n'a de cesse de revendiquer son appui. C'est pour cela qu'il a fait 30 % au premier tour, jouant à mort de l'ambiguïté. Macron n'est pas du tout content de cela. » Jamais en reste, l'adversaire d'El Khomri déclenche encore un tir : « Elle a tenté une OPA, elle l'a raté, c'est tout! »

    A l'Elysée, on tente de calmer le jeu : « Les électeurs ont placé au second tour deux candidats qui s'inscrivent, avec des sensibilités différentes, dans la majorité présidentielle, c'est une grande satisfaction. » Mais on reconnaît que l'ex-ministre du Travail a eu « le réflexe d'échanger un SMS pour s'assurer qu'elle pouvait indiquer sur ses documents l'appui officiel du président ».

    Macron et Edouard Philippe se seraient entendus pour s'abstenir d'émettre de nouveaux signaux pour l'un ou l'autre candidat de la 18e circonscription d'ici à dimanche. Bref, aux électeurs de trancher qui marche le mieux...