Législatives : le président d’un bureau de vote de Nice frappé par un assesseur nommé par l’équipe d’Éric Ciotti

Un septuagénaire a agressé physiquement ce dimanche le président du bureau, un « comportement manifestement déplacé » selon le candidat lui-même. D’après nos informations, il a assené « un coup de poing sur la tempe » au président. Une enquête a été ouverte.

    La journée du premier tour des législatives s’est ouverte dans un climat électrique à Nice. Une violente altercation a éclaté dans un bureau de vote de la commune des Alpes-Maritimes : un assesseur nommé par l’équipe d’Éric Ciotti a frappé le président des bureaux de vote de l’école des Baumettes. Une « agression physique » dénoncée « avec la plus grande fermeté » par le maire Christian Estrosi, qui a indiqué que l’homme a été interpellé, tandis que le président LR a affirmé avoir « démis » l’auteur des faits.

    Le président attaqué a porté plainte. Le parquet a confirmé à l’AFP l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « violences sur personne chargée d’une mission de service public et outrages sur fonctionnaires de police ».

    « Tenté d’empêcher l’ouverture du bureau »

    C’est l’édile de la commune qui a d’abord signalé l’incident sur son compte X, vers 9 heures, accusant l’assesseur « désigné par M. Ciotti » d’avoir « tenté d’empêcher l’ouverture du bureau avant d’asséner un coup de poing à son président ». « Il vient d’être interpellé par la police nationale, que je remercie de sa réactivité. Partout je fais renforcer encore la protection des abords des bureaux de vote », a ajouté Christian Estrosi, opposé de longue date au président des Républicains.

    Le maire a indiqué vers midi que le président du bureau de vote « reprend son poste après avoir déposé plainte », saluant son « courage » et son « engagement ». Il s’agit selon lui d’« un cadre de grande valeur de notre administration, apprécié et respecté ».

    Éric Ciotti, candidat à sa réélection dans la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes, a réagi en « exprim (ant) son soutien au président du bureau de vote », face à ce « comportement manifestement déplacé », qu’il « condamne », signale Var-Matin. « On lui a retiré immédiatement toute délégation », a-t-il également assuré au quotidien régional.

    Il s’est aussi exprimé à la mi-journée, juste après avoir lui-même voté à Nice. « Je condamne toutes les actions qui ne sont pas conformes au respect des présidents de bureau de vote », a-t-il répété à Nice-Matin, dénonçant à nouveau une « attitude totalement inappropriée que je condamne, déplore et regrette ». « C’est un comportement individuel qui n’a évidemment pas sa place dans un grand rendez-vous démocratique qui doit être paisible et serein », a-t-il ajouté.

    Son équipe de campagne a évoqué plutôt une « bousculade » mais a immédiatement apporté son soutien au président du bureau et s’est désolidarisée de l’assesseur, un ancien combattant ayant déjà maintes fois tenu ce rôle, estimant que les éventuelles irrégularités qu’il avait évoquées ne valaient pas un retard d’ouverture du bureau et surtout que sa réaction était inacceptable.

    « Le président était choqué »

    Sur place, des témoins ont expliqué au Parisien avoir vu l’assesseur « pousser le président ». « Il a voulu lui taper dessus. On a dû l’éloigner », nous confie-t-on. Les tensions ont commencé à monter avant même l’ouverture du bureau, nous explique Bastien Nespoulous, directeur général des services de la Ville et de la Métropole de Nice.

    « Un assesseur nommé par l’équipe d’Éric Ciotti semait le trouble dans le bureau. L’homme agité refusait sa composition, estimant qu’il n’y avait pas assez de monde alors qu’ils étaient cinq », rembobine-t-il. L’assesseur, « un grand monsieur » de « 70 ans passés », reprochait également selon lui au président du bureau de vote d’être « cadre dans l’administration ».



    La tension a grimpé encore d’un cran quand le septuagénaire « s’est mis en travers de la porte, refusant d’ouvrir alors que les électeurs attendaient à 8 heures ». « Le président lui a demandé de cesser, l’autre lui a alors asséné un coup de poing sur la tempe », retrace Bastien Nespoulous. Venu lui-même sur place aux alentours de 8h45, il a constaté que l’homme était en train d’être interpellé par la police nationale mais il « ne se laissait pas faire, ils ont dû se mettre à quatre ou cinq pour le menotter ». « Le président, un homme costaud, était choqué. Il a porté plainte », indique-t-il également.

    Dans un bureau de vote mitoyen, la présidente du site raconte quant à elle avoir « entendu le ton monter » : « J’entendais : vous ne pouvez pas ouvrir ! Vous n’avez pas le droit ! », explique-t-elle, ajoutant avoir conseillé au président pris pour cible « d’appuyer sur le bouton d’urgence sur son téléphone professionnel » afin de déclencher l’arrivée de la police, « ce qu’il a fait ».