Législatives : quand Emmanuel Macron songeait à s’inviter chez Faustine Bollaert avant le premier tour

INFO LE PARISIEN. Alors que ses troupes lui demandaient de rester en retrait durant la campagne, le chef de l’État a proposé à l’animatrice de France 2 une grande émission qui aurait pu être diffusée le dimanche 23 juin. Il l’a même appelée en direct pour tenter de la convaincre.

D'après un cadre de France Télévisions, Faustine Bollaert (ici en novembre 2023) aurait décliné la proposition présidentielle, trouvant que «ce type d’interview dans ce contexte était malvenu». AFP/Ludovic Marin
D'après un cadre de France Télévisions, Faustine Bollaert (ici en novembre 2023) aurait décliné la proposition présidentielle, trouvant que «ce type d’interview dans ce contexte était malvenu». AFP/Ludovic Marin

    Dans son camp, ils étaient nombreux à lui demander de rester discret durant la campagne des élections législatives anticipées. Mais, manifestement, Emmanuel Macron ne l’entendait pas de cette oreille. Selon nos informations, le président envisageait même, quelques jours après sa conférence de presse du mercredi 12 juin, une nouvelle prise de parole, en prime time, à la télévision pour mobiliser les électeurs et tenter de convaincre les Français du bien-fondé de sa dissolution surprise au soir des Européennes.

    L’Élysée commence par échanger avec les rédactions de France 2 et de TF1 pour un très traditionnel JT de 20 heures, le dimanche 23 juin. Avant de se raviser… pour opter pour une formule nettement moins classique. Les communicants d’Emmanuel Macron ont en effet l’idée de se tourner vers l’animatrice Faustine Bollaert, dont l’émission, « Ça commence aujourd’hui » cartonne à la mi-journée sur France 2. Un rendez-vous quotidien où les Français se dévoilent et se racontent intimement. « C’était une idée parmi de nombreuses autres », confirme un proche du chef de l’État.

    L’idée d‘une « grande interview en tête à tête, histoire de fendre l’armure »

    Un conseiller du président appelle Faustine Bollaert, le 21 juin, pour lui proposer le concept. Contactée par Le Parisien - Aujourd’hui en France, l’animatrice n’a pas souhaité répondre à nos questions. Mais, sous couvert d’anonymat un cadre de France Télévisions raconte : « Il ne s’agissait pas d’un numéro spécial de Ça commence aujourd’hui, mais d’une grande interview en tête à tête, histoire de fendre l’armure ». « Il voulait revenir sur la dissolution, sur ce que ça a pu impliquer pour lui en tant que président de la République », renchérit un proche d’Emmanuel Macron.

    Faustine Bollaert n’est guère enthousiasmée par le concept. Elle décline poliment. Quelques minutes plus tard, son téléphone sonne à nouveau, et cette fois-ci, c’est… le président en personne à l’autre bout du fil qui tente de la convaincre. En raccrochant, la journaliste prévient la direction de France Télé, se donne quelques heures de réflexion avant de finalement dire non. « Elle trouvait que ce type d’interview dans ce contexte était malvenu », poursuit le haut cadre de la télé publique. Et le même de souligner : « Elle avait aussi peur que ce ne soit pas bien compris par ses téléspectateurs ».

    La démarche du président n’a pas non plus été comprise par quelques ténors de l’ex-majorité, très circonspects devant cette initiative télévisuelle et qui ont tout fait pour le dissuader d’y participer. L’Élysée finira par opter pour un mode d’expression plus solennel : une Lettre aux Français, envoyée le dimanche 23 juin.