A Octeville, Aquacaux met les turbots en bassin dans une ex-base de l’OTAN
Balade insolite pour les amateurs de poissons. À Octeville-sur-Mer, près du Havre, après une descente de 500 marches en direction de la mer, une étonnante ferme marine présente ses élevages.
La première question que l'on se pose quand arrive sur le parking d'Aquacaux à Octeville-sur-Mer est : J'y vais ou j'y vais pas ? Car, comme à chaque fois, ce n'est pas la descente par l'escalier aux 500 marches vers la ferme aquatique qui inquiète, c'est la remontée.
Mais, à mi-chemin, on est vite pris par la magie des lieux : mer turquoise (oui, il faisait beau ce jour-là en Normandie!), falaise abrupte, parapentistes multicolores au-dessus de la tête et, en contrebas, des cuves rouillées immortalisées dans la série « Maman à tort », tirée du roman du Normand Michel Bussi, et aussi trois épaves échouées sur les récifs.
Enfin, dans le prolongement, un bâtiment massif impressionne avec son béton délavé par les vagues et ses portes blindées attaquées par le sel. Une expérience inattendue attend le curieux.
Effectivement, la ferme marine Aquacaux est installée depuis 1989 dans une ancienne base de pompage de carburant de l'OTAN abandonnée pour des raisons politiques. C'est le fondateur, un restaurateur nommé Jean-Jacques Lemaître, qui a fait « le pari fou de développer une pisciculture et notamment l'élevage de turbots dont on ne maîtrisait pas à l'époque l'écloserie commerciale », explique l'aquaculteur Matthieu Bonnet. Précédé il y a 25 ans par la société France Turbots de Noirmoutier, l'association s'est rapidement réorientée vers l'insertion et l'éducation : « Tendre la main à des jeunes qui n'ont pas de travail à travers l'éducation à l'environnement ».
Ainsi, une cinquantaine de salariés travaillent dans trois sections : les espaces verts, les bâtiments et la communication. Cette dernière reçoit chaque année environ 9000 visiteurs, majoritairement des scolaires. Grâce à quatre bassins, 10m3 d'eau de mer et une vingtaine d'aquariums, en une heure d'un parcours guidé, la faune et la flore de la Manche se présentent à eux, soit une cinquantaine d'espèces répertoriées dont les emblématiques bars et turbots. Avec, en vedette, la mascotte maison, un homard bleu âgé de 10 ans.
Un élevage aquacole pédagogique
A côté des animations de pêche à pied ou de géologie proposées aux centres de loisirs et aux scolaires, l'autre grande activité est l'élevage aquacole pédagogique. « Dans notre laboratoire, nous cultivons du plancton et avons une nurserie. Nous élevons ainsi des turbots. Ils vont rester jusqu'à l'âge de trois ans, ils pèseront alors un peu plus d'un kilo et pourront être vendus aux visiteurs ou aux habitués. C'est plus pédagogique que commercial, reconnaît Matthieu Bonnet car seulement 300 pièces partent par an. Mais c'est une espèce fragile que nous refusons d'élever de façon intensive » .