Pollution de l’air : visualisez l’impact du confinement dans les grandes villes de France

Un réseau européen d’ONG a exploité les données du satellite Copernicus Sentinel-5P pour montrer l’impact des mesures anti-coronavirus sur la qualité de l’air à l’échelle d’une agglomération. Un aperçu saisissant et inédit.

    Des cartes produites pour Le Parisien par l'European Environmental Bureau (EEB), réseau européen d'ONG, donnent un aperçu inédit de la baisse de la pollution de l'air constatée en France après les mesures de confinement prises pour tenter d'enrayer l'épidémie de Covid-19.

    De Paris à Nice, de Lille à Bordeaux, en passant par Nantes, Montpellier et Toulouse, ces cartes montrent la chute de la densité de dioxyde d'azote (NO2) dans les grandes aires urbaines françaises et dans la France entière. Le NO2, polluant produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, a une durée de vie courte. C'est un bon marqueur de l'intensité des activités humaines.

    En utilisant les données du satellite Copernicus Sentinel-5P de l'Agence spatiale européenne (ESA), l'EEB a comparé le niveau de NO2 dans la troposphère, la plus basse couche de l'atmosphère, entre le 26 mars et le 14 avril 2020 (après l'entrée en vigueur des restrictions de déplacement donc) avec les concentrations mesurées à la même période en 2019. Et il n'y a pas photo…

    VIDÉO. Pollution de l'air : voici l'impact du confinement dans les grandes villes de France

    Un facteur aggravant de la pandémie

    « La baisse temporaire de la pollution atmosphérique due aux mesures de confinement prouve à quelle vitesse la qualité de l'air que nous respirons peut s'améliorer, si les sources de pollution sont traitées », commente Margherita Tolotto, responsable des politiques de l'air et du bruit pour l'EEB. « Ceci est un signal d'alarme, nous n'aurions pas dû attendre une pandémie dangereuse pour faire l'expérience d'un air plus pur. » Le réseau d'ONG prône le recours aux énergies propres, la lutte contre le gaspillage et l'investissement dans « une mobilité plus verte et plus intelligente ».

    Le NO2 analysé par l'EEB est réputé pour entraîner une inflammation importante des voies respiratoires. Selon le dernier rapport de l'Agence européenne de l'environnement sur la qualité de l'air de 2019, le dioxyde d'azote est responsable de 68 000 décès prématurés par an dans l'Union européenne, dont 7500 en France.

    La pollution de l'air aurait aussi une responsabilité dans la sévérité de la crise sanitaire actuelle. Dans une récente étude menée dans plus de 3000 comtés américains, des chercheurs de Harvard ont pointé une corrélation entre le niveau de particules fines PM 2,5 dans l'air et le taux de mortalité lié à la maladie Covid-19.

    « Il semble de plus en plus clair que la pollution de l'air a contribué à aggraver cette pandémie en augmentant le taux de mortalité des patients atteints de maladies chroniques préexistantes », affirme Zoltán Massay-Kosubek, responsable des politiques pour un air pur et une mobilité durable à l'Alliance européenne pour la santé publique (EPHA). Et d'accuser : « Les gouvernements qui, année après année, n'ont pas respecté les normes de l'Union européenne en matière d'air pur en portent la lourde responsabilité. »

    Zoom sur les principales agglomérations

    L'Agence spatiale européenne, qui réalise ses propres calculs, a rapporté jeudi que les concentrations de NO2 ont chuté de 54 % à Paris pendant le confinement. Elle a comparé les chiffres de la période courant du 13 mars au 13 avril 2020 (le confinement a commencé le 17 mars) avec les moyennes enregistrées en mars et en avril 2019.

    ESA/EEB/James Poetzscher
    ESA/EEB/James Poetzscher Gaël Lombart

    La carte de Lyon et de ses alentours

    ESA/EEB/James Poetzscher
    ESA/EEB/James Poetzscher Gaël Lombart

    Focus sur la région de Marseille et d'Aix-en-Provence

    ESA/EEB/James Poetzscher
    ESA/EEB/James Poetzscher Gaël Lombart

    Dans la métropole lilloise

    ESA/EEB/James Poetzscher
    ESA/EEB/James Poetzscher Gaël Lombart

    A Strasbourg et dans ses environs

    ESA/EEB/James Poetzscher
    ESA/EEB/James Poetzscher Gaël Lombart

    A Rennes, où le contraste est moins marqué, comme dans les autres grandes villes de l'Ouest

    ESA/EEB/James Poetzscher
    ESA/EEB/James Poetzscher Gaël Lombart