Pourquoi il fait plus chaud dans l’Arctique qu’à Paris

La région du pôle Nord a connu un pic de chaleur avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières. Les scientifiques s’inquiètent.

 Le Groenland est l'un des grands responsable de la hausse du niveau des océans. (Illustration)
Le Groenland est l'un des grands responsable de la hausse du niveau des océans. (Illustration) (AFP/SLIM ALLAGUI)

    Nouveau signe alarmant du réchauffement de l'Arctique. Plongé dans l'obscurité permanente de la nuit polaire, le pôle Nord enregistre depuis quelques jours des températures positives en raison d'une vague d'air doux, alors que l'Europe grelotte sous une vague de froid tardive...

    Dimanche, il faisait ainsi plus chaud à l'extrémité nord du Groënland (6,2°C) qu'à Londres, Paris ou Zurich. Et ce mercredi à 18 heures, la capitale du Groënland, Nuuk, enregistrait la même température que Paris : -2°C.

    Comment expliquer ce phénomène ?

    Il s'est produit « une situation de blocage anticyclonique sur le nord de la Scandinavie (...) avec une remontée d'air doux de l'Islande vers le pôle Nord d'un côté et de l'autre côté de l'anticyclone, des descentes d'air froid de l'Oural et de la Russie occidentale vers l'Europe de l'Ouest », explique Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo-France. « Le pic de douceur sur le pôle Nord et la vague de froid sur l'Europe sont directement liés », poursuit-il.

    S'agit-il d'un épisode exceptionnel ?

    Oui, mais pas tant que ça, répondent les scientifiques. « Des températures positives près du pôle Nord en hiver ont été relevées quatre fois entre 1980 et 2010 (...) Elles ont à présent été relevées au cours de quatre des cinq derniers hivers », décrypte Robert Graham, climatologue à l'Institut polaire norvégien.

    « On a un hiver exceptionnel sur l'Arctique, l'hiver précédent l'avait déjà été et on ne prend pas trop de risque en disant que le suivant le sera. (...) La tendance de fond est très claire (...) c'est le réchauffement de l'Arctique », renchérit Etienne Kapikian.

    Le dérèglement climatique est-il derrière tout cela ?

    « Il est difficile de dire qu'un événement est lié au réchauffement climatique. Mais cette tendance que nous voyons, un Arctique chaud, un continent froid, peut être liée au changement climatique », répond Marlene Kretschmer, climatologue à l'Institut de Potsdam pour la recherche sur le changement climatique.

    Ces épisodes de hausse des températures ne sont pas une bonne nouvelle pour la banquise, dont la surface n'a jamais été aussi réduite pour la saison depuis le début des mesures il y a plus de 50 ans.

    Autour de l'archipel norvégien de Svalbard, à l'est du Groenland, la surface de glace mesurée lundi était de 205.727 km2, soit moins de la moitié de la superficie moyenne sur la période 1981-2010, selon des données norvégiennes. De façon plus globale, les climatologues estiment probable de voir l'océan Arctique libre de glace d'ici à 2050 pendant l'été.