Bondoufle : zones d’ombre autour d’une procédure de licenciement contre un syndicaliste

Le responsable du site Adrexo affirme être sanctionné pour son soutien à une victime présumée de harcèlement sexuel. Pour la direction, le syndicaliste est visé par un dossier de malversation financière.

 Massy, jeudi 26 octobre 2017. Plusieurs salariés et syndicalistes sont venus soutenir Rachid Oudghiri (au centre avec la chemise blanche) lors de son entretien préalable de licenciement.
Massy, jeudi 26 octobre 2017. Plusieurs salariés et syndicalistes sont venus soutenir Rachid Oudghiri (au centre avec la chemise blanche) lors de son entretien préalable de licenciement. DR

    Deux enquêtes internes devraient rapidement clarifier la situation. En plein scandale Harvey Weinstein, ce producteur de cinéma américain accusé d'agressions sexuelles par une soixantaine d'actrices, l'affaire qui secoue le site de Bondoufle de la société de distribution de prospectus Adrexo fait grand bruit. Sanctionné par sa direction, qui a prononcé à son encontre « une dispense d'activité avec maintien de salaire », le chef d'exploitation du site, également représentant syndical Sud, Rachid Oudghiri, accuse la direction de « vouloir étouffer un cas de harcèlement sexuel ». La direction, elle, soutient que le responsable est visé par une enquête dans un dossier de malversation financière.

    L'affaire éclate cet été lorsqu'une employée de Bondoufle révèle être victime d'agressions sexuelles de la part de l'un de ses supérieurs. « Le délégué du personnel l'a encouragée à dénoncer les faits, explique le responsable du site, Rachid Oudghiri. Pour ma part, j'ai averti les ressources humaines, mais la direction n'est pas intervenue tout de suite. »

    Fin septembre, un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) est organisé. « Lors de cette réunion, je suis intervenu pour la défendre, la direction voulait étouffer l'affaire en laissant traîner les choses. » Le lendemain matin, Rachid Oudghiri est accueilli par le président d'Adrexo et le directeur régional de la société. « Ils m'ont informé que je faisais l'objet d'une procédure de licenciement sans m'en donner le motif », assure-t-il, convaincu que sa prise de position pour la victime présumée lui vaut cette sanction.

    « Ce n'est absolument pas le cas, balaie aussitôt le directeur d'Adrexo, Hervé Estampes. Depuis plusieurs mois, des éléments nous ont conduits à avoir de sérieux doutes sur la gestion du site par Rachid Oudghiri. Dès que nous avons eu en notre possession des éléments factuels et précis, nous avons décidé d'intervenir. La concomitance entre les deux dossiers est regrettable, mais ils ne sont absolument pas liés. »

    Dans une quinzaine de jours, le CHSCT rendra ses préconisations dans le cadre de l'enquête sur le harcèlement sexuel présumé. « Si les faits sont avérés, cet homme sera licencié sur le champ », assure le directeur. L'audit interne concernant les soupçons de malversations financières qu'aurait pu commettre le responsable du site de Bondoufle devrait également être présenté avant la mi-novembre. De leur côté, les gendarmes de Bondoufle en charge de l'enquête sur la dénonciation de harcèlement sexuel ont transmis le dossier au procureur de la République.