Essonne : Azzedine avoue enfin le double meurtre de Christelle et Joao

Le 23 septembre 2014, à Brétigny, un homme sans-papiers qui devait se marier avec sa compagne est accusé d’avoir tué cette dernière de 20 coups de couteau, ainsi que son fils de 7 ans de 35 coups de couteau. Il est jugé en appel pour ce double meurtre toute la semaine.

 Christelle et Joao victimes du double meurtre de Brétigny-sur-Orge. L’ex-compagne de la victime comparait pour ce double meurtre.
Christelle et Joao victimes du double meurtre de Brétigny-sur-Orge. L’ex-compagne de la victime comparait pour ce double meurtre. Leparisien

    Jusque-là il avait toujours évoqué un « trou noir » causé par l'alcool et refusé de s'attribuer le double homicide d'une mère et son fils, à Brétigny, le 23 septembre 2014. Azzedine, 28 ans, condamné en première instance à la prison à perpétuité, a assuré au premier jour de son procès en appel pour les meurtres de Christelle, 39 ans, et son fils Joao, 7 ans, qu'il dirait « toute la vérité ».

    « Je reconnais les faits, c'est exactement ce qu'ont dit les enquêteurs, a-t-il indiqué à la barre du tribunal de Melun (Seine-et-Marne), ce mardi. J'ai pris la décision de parler pour me soulager et pour soulager la famille, quand j'ai choisi de déposer mon appel. La prison m'a fait réfléchir, j'ai aussi été touché par l'émotion de la famille. Ce que j'ai fait était affreux, même moi j'ai eu du mal à m'en remettre. C'était honteux. »

    Il était 17h53 au moment de cette déclaration spontanée. La présidente de l'audience venait enfin de décider de donner la parole à l'accusé, après une longue journée à l'interroger uniquement sur sa personnalité, où une fois encore il s'est montré prolixe, mais sans que personne ne puisse corroborer ses déclarations.

    Interné en hôpital psychiatrique à l'adolescence

    Son passé ? Azzedine, dernier d'une fratrie de onze, s'estime brimé par son père qui le battait. Et des parents qui l'empêchaient de sortir. « Mais vous n'avez jamais donné les coordonnées de vos parents, le seul qu'on a pu entendre c'est votre frère qui vous a vu la nuit du drame », souligne l'avocat général. Et celui-ci, âgé de 20 ans de plus, ne semble rien connaître du passé de l'accusé. « Non, il ne se droguait pas, et je n'ai pas eu connaissance d'un souci. Il était plutôt le chouchou », affirme-t-il sans ciller.

    Pourtant, Azzedine, qui a grandi au Maroc, a été interné en hôpital psychiatrique à l'adolescence après un énième accès de violence. Il avait tenté de tuer sa sœur en l'étranglant. Il était aussi toxicomane, addict au cannabis jusqu'à fumer 20 joints par jour selon lui. Il consommait aussi quelques grammes de crack et de cocaïne par semaine.

    C'est à 19 ans, après avoir quitté l'école à 11 ans en fin de primaire et effectué quelques petits jobs manuels, toujours d'après son témoignage, qu'il décide de venir en France. Il loge un temps chez son frère, puis survit entre petits boulots dans le bâtiment et squats. « J'ai eu plusieurs relations, mais avec Christelle, elle me comprenait, c'était du sérieux », lâche celui qui est sans-papiers.

    Des violences régulières sur sa compagne et son enfant

    Le couple se rencontre en janvier 2014. Un mariage est programmé pour octobre de la même année. Mais les deux plus grands fils de Christelle ne voient pas d'un bon œil cette union avec un homme de leur âge. « Ils considéraient que c'était un mariage blanc », indique un enquêteur. Des vérifications sont d'ailleurs entreprises.

    En parallèle, le couple s'alcoolise souvent. Azzedine, qui vit avec Christelle et l'enfant de 7 ans de celle-ci frappe sa compagne. Des violences sont rapportées par Joao. Et des hématomes sont constatés par les voisins et les deux plus grands enfants de la victime. Les relations se dégradent entre Kevin et Ludovic, les deux aînés, et Azzedine.

    Le 22 septembre 2014, Kevin et Azzedine en viennent aux mains. Le conjoint de Christelle se réfugie aux toilettes et appelle la police. Ces derniers arrivent, mais repartent car la situation s'est légèrement calmée. Azzedine appelle ensuite les pompiers qui le conduisent à l'hôpital pour soigner une blessure à la main qu'il s'est faite en frappant dans le carreau d'une porte vitrée. Mais il fugue de l'hôpital.

    Le frère d'Azzedine parvient à le retrouver dans les rues à proximité. Il est 4 heures du matin. Il l'emmène au commissariat d'Arpajon pour déposer plainte contre les enfants de Christelle. Mais le policier refuse d'entendre sa déclaration. « Il était trop alcoolisé et agressif », indique-t-il. Et le renvoie dans la rue. Azzedine échappe à son frère et retourne à son domicile. Il est 4h30.

    Les deux victimes égorgées

    Azzedine apparaîtra à nouveau sur la vidéosurveillance de la gare de Brétigny à 5h49. Puis ira jusqu'à Paris pour prendre un train pour le sud en tirant 80 € avec la carte bancaire de Christelle.

    Dans la maison en meulière le drame s'est noué. Les corps seront retrouvés par le frère d'Azzedine quelques heures plus tard. Celui de Christelle présente 20 plaies et celui de son enfant Joao, 35 coups. « J'ai rarement vu autant de sang, soupire l'enquêteur. Ils ont été tous les deux égorgés. Et baignaient dans 5 litres de sang au moins. »

    Lors de l'audience de ce mercredi, Azzedine, qui avait été interpellé quelques mois plus tard, devrait raconter dans le détail les dernières minutes de vie de Christelle et Joao, sous le regard de Ludovic et Kevin qui oscillent entre sanglots et regards emplis de haine.