Corbeil-Essonnes : non-lieu requis dans une affaire visant Serge Dassault et la mairie

Fatah Hou, visé par des tirs déclenchés par un proche de Serge Dassault, les accuse d’avoir élaboré un plan afin de le faire arrêter au Maroc lorsqu’il s’y rendrait.

 Serge Dassault et Jean-Pierre Bechter (à droite) sont visés par une plainte de Fatah Hou. Le parquet d’Evry a requis un non-lieu.
Serge Dassault et Jean-Pierre Bechter (à droite) sont visés par une plainte de Fatah Hou. Le parquet d’Evry a requis un non-lieu. (LP/ARNAUD JOURNOIS.)

    Il y a un an, Younès Bounouara, un proche de Serge Dassault, était condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir, à Corbeil-Essonnes le 19 février 2013, tiré sur Fatah Hou, qui avait été gravement blessé. Ce dernier avait également porté plainte contre Serge Dassault, l'ex-maire (LR) de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, son successeur (LR) à la mairie et bras droit, Machiré Gassama, le directeur de la jeunesse et des sports de la ville, et un diplomate marocain.

    Fatah Hou les accuse d'avoir élaboré un plan afin de le faire arrêter au Maroc lorsqu'il s'y rendrait. Le parquet d'Evry vient de requérir un non-lieu au motif que les charges ne paraissent pas suffisantes. Le juge d'instruction peut ou non suivre ces réquisitions.

    Le 14 février 2013, cinq jours avant les tirs, une réunion avait eu lieu entre Serge Dassault, Jean-Pierre Bechter et un attaché de l'ambassade du Maroc en France. Il y était question de Fatah Hou et de deux «emmerdeurs» à qui il faudrait réserver un comité d'accueil à leur descente d'avion quand ils retourneront au Maroc. «À mon avis, ça va leur changer la vie. Je sens que quand ils vont arriver au Maroc, ils vont être surpris», rigole Jean-Pierre Bechter, placé sur écoute, lors d'une conversation avec Machiré Gassama.

    Faire intervenir les autorités marocaines

    Selon la plainte, ces écoutes démontraient une volonté d'interpeller et d'incarcérer Fatah Hou au Maroc afin de l'empêcher «de révéler ce qu'il savait sur le degré de corruption» dans la ville. Jean-Pierre Bechter et Machiré Gassama avaient expliqué qu'il s'agissait de calmer ceux qui les dérangeaient en faisant intervenir les autorités marocaines auprès de leurs familles.

    L'avocate de Fatah Hou, Me Marie Dosé, a dénoncé une décision «politique» et annoncé qu'elle fera appel de cette décision auprès de la chambre de l'instruction.